Propositions pour relancer notre centre ville — Conseil du 12 mars 2019

par Frédéric Lefebvre-Naré

Suite de mes notes du Conseil Municipal du 12 mars.

Pierre Abrinas, adjoint au Maire aux Ressources humaines et aux Commerces de proximité, annonce que "la Ville d’Argenteuil est engagée dans des actions pour l’attractivité de son centre ville". La délibération proposée annonce que la Ville allouera à la CCI Val d’Oise la somme de 43 600 € pour la revitalisation du commerce de centre ville. En échange de quoi celle-ci "engagera les moyens nécessaires à la mise en œuvre des actions, nécessitant la mobilisation de ressources internes estimée à 110 journées."

Lahcène Adalou, ancien adjoint au maire en charge du commerce de proximité, désormais dans le groupe d'opposition Vive Argenteuil, commence par "estimer que le groupe Vive Argenteuil a sa place sur le trombinoscope, dont il a été écarté, et propose de fournir une nouvelle photo."

Il déplore que la CCI, par son absence lors de tentatives précédentes, "ait profondément déçu les commerçants". Il est "sceptique aussi en raison de l’affaiblissement des CCI dans les dix dernières années : elles sont devenues de simples bureaux d’études, vendeuses d’outils en tous genres sous réserve de demandes explicites. Veut-elle vendre, derrière, des prestations supplémentaires ?"

"Enfin, le recrutement d’un manager m’a étonné, au regard des moyens humains dont les services du commerce disposaient déjà. Le recrutement d’un manager doit être justifié par un projet structurant !"

"Je suis particulièrement interloqué par le montant de la prestation de la CCI, au regard de son rôle particulièrement imprécis. J’espère cependant des actions concrètes qui auront l’assentiment des commerçants !" Son groupe s'abstiendra.

Je constate que nous voyons démarrer, de façon aussi soudaine que tardive après 5 ans de mandat, quatre démarches d'un coup pour relancer notre centre ville. Waoh ! Une démarche, avec le Département, pour valoriser son patrimoine culturel et l'histoire de Claude Monet ; une mise en réseau national ; un appui par les professionnels de la CCI ; un manager de centre ville à plein temps.

"Je voterai volontiers pour la mise en réseau national, et je suis convaincu du professionnalisme de la CCI Ile-de-France et de son expérience sur différents sites, qui nous serait certainement utile. Mais je ne pourrais voter l'engagement de dépenses, importantes, que vous nous demandez, que si ces initiatives s'inscrivent dans une démarche et une vision cohérente de l'avenir de notre centre ville.

Ce que vous nous proposez est intrinsèquement incohérent. Vous justifiez le projet par l'idée de nous "préparer aux évolutions urbaines à venir (cap Héloïse, projets du pôle gare, projet « centre-ville vivant »)" : aucun des actions proposées ne porte là-dessus, je vois mal en quoi le camion connecté préparera à ces évolutions urbaines.

Ce que vous nous proposez est incohérent avec vos propres diagnostics sur l'évasion commerciale. Vous nous avons montré et remontré,de réunion en réunion des graphiques montant que ce qui fait fuir la clientèle argenteuillaise, c'est le manque de jardinerie, de magasin de bricolage, de magasin d'électronique ou multimédia. En 5 années de mandat, je n'ai pas encore vu trace de vos efforts dans ce domaine, et je ne les vois pas dans ce projet. Sans jardinerie, sans magasin de bricolage, sans magasin d'électronique, comment faire venir la clientèle pour les achats "du samedi" ? C'est perdu d'avance.

Ce que nous pourrions encore espérer, ce sont les achats de loisirs, les sorties mixtes de loisirs et de shopping, du week-end et de vacances, de soirées d'été, dont vivent beaucoup de centres villes historiques. Valoriser le patrimoine y aiderait, mais où sont, dans la présentation qui nous en a été faite, les actions tournées vers les commerçants en lien avec ce patrimoine ou cette fréquentation de loisirs ? Je ne les ai pas entendues.

S'il n'y a pas dans votre équipe de démarche ou de vision cohérente pour le centre ville, il pourrait cependant y avoir des initiatives nombreuses des commerçants, auxquelles nous aurions le devoir de nous joindre pour les aider à mûrir. Malheureusement, je le regrette tout comme vous le regrettez certainement, cette dynamique est manquante. Même la réunion que vous avez organisée le 26 février s'est tenue devant une salle quasi-vide.

Quelle est alors la priorité ? De recréer des relations entre les commerçants sur les enjeux communs que sont

  1. la multiplication d'évènements attractifs pour les personnes qui habitent hors du centre ville,
  2. l'état du parking, du stationnement, des cheminements et des espaces de promenade,
  3. plus largement l'urbanisme du centre ville et les grands projets de transports ou de construction qui l'environnent.

Ces trois priorités qui pourraient retisser du lien entre commerçants, de la convivialité et au final, de l'attractivité, sont absentes de votre projet.

Permettez-moi d'ajouter une proposition précise, en vous invitant à la transmettre au département : revoyez votre projet de "baïonnette" entre Charles de Gaulle et la 4 voies, exposé en réunions de quartier, qui va dans le sens de renforcer le trafic sur la 4 voies (à l'inverse de la reconquête annoncée de la berge) et ne marque en rien l'entrée en centre ville.

Vous voulez passer de 3 feux de circulation à 2, très bien.

Il me semble qu'on aurait le meilleur des deux objectifs en remplaçant le plat de nouilles actuel par un rond-point à feux. Il ralentirait le passage sur la 4 voies, en marquant la différence entre sa partie zone industrielle en aval de ce rond-point, et l'île Héloïse, avec l'entrée du centre ville par le boulevard Héloïse ou la rue Verte.

La ville de Nîmes a mis sur sa rocade Sud, à 2 fois trois voies, avec 40000 véhicules/jour, une série de rond-point à feux qui sont cités en exemple, comme solution à la fois pratique et particulièrement sûre (PDF)[1]. Suggérons-donc au département de l'adopter.

Permettez-moi enfin d'estimer que pour ce qui est des actions prévues par la CCI, elles n'ont pas grand chose de spécifique au centre ville. Si vous y tenez absolument, proposez-les aussi aux commerçants d'Orgemont, du Val Notre-Dame et d'ailleurs."

Philippe Doucet (PS) : "dans votre réponse à la pétition des commerçants, vous dites « nous avons beaucoup progressé », eux constatent beaucoup de régression !

Quant à la barrière du parking PVC" (point 20 ici), "je vous confirme qu’elle est toujours ouverte, et que le parking ressemble de plus en plus à une porcherie."

"12 restaurants rapides ouverts en centre ville depuis 18 mois, ça doit être un record de France. Les dossiers « commerce » ne sont pas portés. Nous voterons contre, parce qu’un plaisanterie à 50000 €, ça fait cher."

Georges Mothron : je ne réponds pas. AB Habitat répondra, ça s’ajoutera aux examens en cours.

Je vote contre comme le groupe TFdEA, les groupes VA et NAO s’abstiennent.


Point suivant n°4, Khaled El Haddad présente « l’offre de qualité du Bureau Information Jeunesse au cours des 3 dernières années », le nouveau label pour les 3 prochaines années sera « structure Information Jeunesse », la ville en créera des antennes dans les 6 espaces Jeunesse de la Ville (les maisons de quartier).

Il sera voté à l’unanimité ; j’en profite pour exprimer un point de vue sur les priorités des prochaines années.

Qui va dans les « bureaux » ou les « espaces jeunesse », quel pourcentage des jeunes ? Il faudrait aller à leur rencontre, surtout dans les écoles.

L’information, il y a Google pour ça ; la priorité serait de sortir les jeunes de leur quartier, de faire visiter des entreprises, des sites, de mettre en relation.


Point n°5, Françoise Inghelaëre présente les activités de la compagnie en résidence « Les Rémouleurs », et propose de renouveler sa subvention annuelle de 25000 €.

Unanimité. Je renouvelle au passage ma demande bisannuelle que, sur chaque projet de subvention à une association, la Municipalité indique au moins le nombre estimé de personnes que les actions de cette association auraient touchées dans l'année ; et son action la plus emblématique (dans le cas des Rémouleurs, toutes ont été citées).


Point n°6 et dernier, François Poletti nous invite à renouveler la subvention du CIDFF pour une permanence de juriste. Les 6034 € d'Argenteuil font 80% de la subvention totale, Bezons complète avec 20%. Les femmes qui viennent sont à 78% Argenteuillaises. La moitié environ sont victimes (notamment, ce n'est pas dit, de violences conjugales).

Franck Debeaud annonce l’abstention de son groupe sur la délibération, faute d’avoir reçu le rapport annuel demandé en commission.

Je rappelle la motion que j'avais proposée, par laquelle la Ville se serait engagée à prendre de nouvelles initiatives pour la promotion des femmes, en s'appuyant sur l'œuvre et l'expérience de vie de l'Argenteuillaise la plus connue des Argenteuillais, Héloïse.

"Vous m'aviez répondu, Monsieur le Maire[2], que la Ville allait le faire et que ma motion en devenait inutile, et qu'il convenait de la retirer, ce que j'avais accepté. Quelles sont les initiatives prises depuis ? Quelles conférences, quels ateliers dans les quartier, quelles expositions, quelles recherches, quelles actions de formation, quel travail collectif avec le CIDFF et les autres organisations intervenantes ?

Argenteuil a le malheureux défaut de faire fuir les journalistes du meilleur quotidien français aussitôt qu'ils arrivent chez nous[3]. Je souhaite le meilleur et long séjour au nouveau localier. Une des journalistes qui l'ont précédé, Maïram Guissé, a coréalisé un documentaire qui m'avait semblé excellent, "L'amour en cité".

Je n'ai pas entendu dire qu'il ait encore été utilisé dans des actions collectives sur Argenteuil, alors je me permets de le conseiller ici puhliquement, si Héloïse vous semble trop éloignée de notre époque, ou plus exactement, pour relier une identité argenteuillaise certes ancienne et les configurations nouvelles des personnes et des couples dans nos quartiers."

Anne-Sophie Vuillemin annonce, justement, une conférence à l’Université Inter-Âges sur Héloïse, "je souhaiterais même un débat avec plusieurs historiens sur le « féminisme » d’Héloïse".

Le Maire et la majorité semblent étonnés.

Ainsi se termine le second Conseil Municipal de cette année 2019. Les suivants marqueront les derniers douze mois du mandat.

Notes

[1] J'ai été un peu vite : il semble que depuis, les feux aient été supprimés sur 2 au moins des 6 rond-points concernés, et que ça marche encore mieux !

[2] à la fin de ce Conseil

[3] Juliette Duclos sera restée 6 petits mois, bonne continuation à elle ailleurs !

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