Une crèche ouverte, une crèche municipale privatisée - Conseil du 12 mars 2019

par Frédéric Lefebvre-Naré — suite de mes notes de ce Conseil (première partie : la maison Monet).

Philippe Doucet (PS) demande des nouvelles du RV du maire avec le Président de la République.

Georges Mothron répond qu’il n’a pas eu de retour du Président de la République, mais un retour du Premier Ministre, proposant un RV avec le ministre de l’Industrie, non encore concrétisé.

(Bravo pour la franchise, il est humiliant de prendre une pareille baffe de nos autorités nationales, autant montrer que, même dans les cordes, on reste debout).

Tania de Azevedo, adjointe au Maire à la Petite enfance (et au Logement) présente les prestataires retenus pour la privatisation (« délégation de service public ») de la crèche Le Blé en Herbe (à l'angle Henri Barbusse / Legrand) et pour la nouvelle crèche sur l'emplacement du CIO boulevard Jeanne d'Arc.

Pour le Blé en Herbe, privatisée, « nous avons fait le choix de la proposition la plus chère, qui donnera le meilleur cadre de vie » : les Petits Chaperons Rouges.

Pour la nouvelle crèche sur le site du CIO, la société La Maison Bleue est pressentie. Le CIO et l’association les Petits Débrouillards resteront dans un premier temps dans le bâtiment en fond de cour, actuellement inoccupé.

Marie-José Cayzac, adjointe à la petite enfance dans la précédente équipe municipale : "il ne reste plus que 7 crèches municipales, dont 2 familiales, contre 13 à la fin de notre mandat.

Vous aviez dit que privatiser le Blé en Herbe résoudrait le problème d’absentéisme : c’est baisser le thermomètre au lieu de faire baiser la fièvre. Même vos primes alléchantes d’assiduité n’y ont rien fait. Les crèches deviennent des garderies.

Le coût est divisé par deux dans la nouvelle crèche, pourquoi ? Parce que les qualifications sont moindres. Cela permettrait la même qualité d’encadrement ? Dites au personnel que leurs diplômes ne signifient rien !

Votre politique est dénoncée par les parents, mais ceux-ci sont murés au silence par peur d’être refusés… mais vous, vous avez la responsabilité d’un accueil bienveillant !"

Franck Debeaud, pour le groupe Vive Argenteuil !, pose une question en préambule : "nous avons déposé une motion de 22 février dernier, quand en débattrons-nous ?"

Aussitôt Georges Mothron donne la parole à Philippe Métézeau, adjoint aux Affaires sociales, qui la prend pour répondre à Marie-José Cayzac.

Philippe Métézeau : "nous payons les entreprises bien moins cher qu’à la fin de votre mandat, mais la qualité de l’accueil est maintenue. Il y a moins de crèche, mais davantage d’enfants accueillis. La Municipalité a pris des mesures contre l’absentéisme, dont on vous accorde qu’elles n’ont pas toujours d’effets bénéfiques partout. C’est vrai que des crèches ne peuvent ouvrir certains matins faute de personnel : pensons aux parents !" (Marie-José Cayzac : il faut des ‘volants’ !). "La meilleure crèche a un taux d’absentéisme de 3%, la moins bonne de 12%, et au Blé en Herbe, 21%, ça pose question. Il n’y a pas un micro-climat qui fasse que les gens y soient en plus mauvaise santé ! Le fait de prendre une délégation de service public ne suffira pas, ne suffira pas, à régler ce problème.

On a fait faire un audit par un cabinet indépendant, chacune des crèches a reçu la visite de la personne qui faisait cet audit.

Vous avez remarqué (en commission) que ces crèches ne seraient plus fournies par la cuisine centrale municipale. La cuisine centrale fait de la qualité, ça ne se traduit pas forcément par une économie ; mais elle voit ses activités augmenter par le nombre de repas qu’on sert aux personnes âgées.

La Commission des Délégations de Service Public n’a pas choisi les solutions les moins chères.

Les agents en contrat à durée déterminée seront reprises en CDI par les délégataires, si elles l’acceptent. Nous créerons 50 emplois à Argenteuil" (une douzaine en fait, Philippe Métézeau confond sans doute avec le nombre de berceaux ? Philippe Métézeau répondra plus tard qu’il parle de l’ensemble de l’effectif des deux crèches, dans l’hypothèse où aucun des agents municipaux ne resterait au Blé en Herbe)

Georges Mothron donne la parole à « Monsieur Debeaud, sinon il va nous faire une… »

Franck Debeaud parle de « constat d’échec et précipitation ».

"Vous avez dit hier en commission unique que « pour faire des économies, il faut privatiser ». Précipitation en délocalisant le CIO au Val Nord[1], ce qui l’éloignera de Joliot-Curie. J’ai demandé si des travaux en extérieur étaient prévus, Monsieur Métézeau a répondu « non, afin de ne pas bloquer le projet » (en le retardant après la rentrée), et « par crainte d’un recours hypothétique sur le permis », mais un recours bloquerait-il de tels travaux ?

Philippe Métézeau répondra par la suite qu’ « on ne veut pas prendre le risque de perdre un an. On ripolinera plus tard ».

Franck Debeaud : "dix places de parking seront-elles suffisantes pour les familles ? Le boulevard Jeanne d’Arc est saturé et les places de stationnement seront supprimées pour le « bus entre Seine ».

Cette précipitation prépare simplement votre campagne électorale de 2020.

Nous nous abstiendrons sur cette délibération."

Xavier Péricat regrette qu’aucun élu de l’opposition n’ait été présent à aucune des 5 réunions de la commission des Délégations de Service Public (les convocations partent 3 jours avant…).

Xavier Péricat souligne qu’il y a eu une large concurrence sur chacun des deux lots. La Maison Bleue a particulièrement bien compris notre projet. Nous avons visité le bâtiment, d’excellente qualité d’accueil ; notamment thermique ; et qui rend possible un jardin très élargi, une salle de jeux ouverte sur le jardin, de nouvelles ouvertures …

Myriam Benguerfi a demandé la parole, elle insiste pour l’avoir, le Maire la lui donne ; Mme Benguerfi annonce avoir quitté le groupe majoritaire « par courrier avec accusé de réception » ; constituer un groupe constitué d’elle seule ; et le nommer « un nouvel avenir pour Orgemont ». Elle s’abstient sur la délibération.

Je félicite le Maire pour la dignité avec laquelle il a répondu immédiatement à la question liminaire de Philippe Doucet, même si elle était difficile à avaler, et hors sujet ; je regrette qu'il n'ait pas eu cette dignité en réponse à la question de Franck Debeaud, à laquelle je me joins entièrement. Le maire, Modem, de la ville de Phalsbourg a passé un arrêté interdisant dans sa ville le LBD40, j'espère une initiative similaire d'Argenteuil.

"Il y a sur les crèches deux délibérations différentes, pour des délégations distinctes à des sociétés concurrentes entre elles ; vous demanderez donc certrainement, Monsieur le Maire, deux votes différents. Je voterai alors volontiers pour l'attribution de la nouvelle structure à la Maison Bleue, car j'apprécie la diversité des propositions qui nous ont été faites, la qualité de l'examen de ces propositions, et le coût tout à fait intéressant auquel nous arrivons avec 4000 € par berceau ; malgré les réserves qui ont pu être formulées sur le profil de l'équipe, réserves que je partage pour la raison que j'indiquerai ensuite."

"Le bien-fondé de la privatisation du Blé en Herbe était déjà douteux ; il est maintenant, après la consultation, totalement incompréhensible.

Nous avions cru comprendre que selon vous, cette privatisation était utile pour constituer, avec la nouvelle structure ; un ensemble intéressant un partenaire de qualité. Mais au final vous retenez des sociétés différentes et concurrentes.

Vous avez indiqué que la crèche le Blé en Herbe rencontrait des difficultés de management, avec une partie de son personnel, notamment des problèmes d'absentéisme. Mais la condition de la privatisation, c'est que tous les personnes peruvent rester, et que les agents titulaires peuvent demander à être affectés dans une autre crèche, où, vous l'avez rappelé M. Métézeau, les emplois à pourvoir le manquent pas.

On va donc vers un système encore plus à deux vitesses, d'un côté des crèches municipales avec un personnel de plus en plus expérimenté, qualifié et âgé, avec plus de problèmes d'absentéisme ; de l'autre, des crèches privées avec un personnel plus jeune, sans doute plus présent, statistiquement, mais moins expérimenté et qualifié.

Quel est l'intérêt pour les parents ? Est-ce que ça ne serait pas mieux d'aller dans le sens inverse, de plus mélanger les différents profils et niveaux de carrière dans toutes les crèches ?

Enfin, en termes financiers, cette privatisation nous coûte 7657 € par an et par berceau, soit le double du coût de la nouvelle structure, où pourtant il y a des travaux immobiliers indispensables.

Vous indiquiez en commission hier, M. Métézeau, que si certains personnels, plus anciens et mieux rémunérés, préféraient être affectés ailleurs, la Ville réduirait sa contribution d'environ 7000 € en moyenne par personne concernée. Mais c'est très loin de la différence des coûts ! Elle était estimée à 12000 € par personne temps plein, par l'un des candidats. En d'autres termes, si tous les personnels actuels sont réaffectés, nous continuerons à payer au prestataire environ 100000 € par an de plus, que ce qu'il nous aurait normalement facturé dans ce cas.

C'est un classique de ce mandat municipal : payer en double les agents publics et les prestataires privés, les agents qu'on a mis au chômage et ceux qu'on embauche pour les remplacer.

Vous nous proposez une solution perdante pour les contribuables argenteuillais, perdante pour les agents, perdante pour les enfants et les parents dans leur ensemble ; je voterai donc naturellement contre cette privatisation."

Elle est cependant adoptée par 39 voix pour, 13 contre et 3 abstentions. Le Maire a donc refusé de faire voter séparément les deux délibérations (estimant sans doute qu'aucun conseiller n'irait au tribunal administratif demander que son droit de vote soit respecté).


Philippe Métézeau présente le point 2, un bouleversement des tarifs dentaires des Centres municipaux de santé ; pour s’adapter aux nouvelles cotations de la Sécurité Sociale. « Les 200 tarifs ont été revus par nos services. Certains de nos tarifs étaient inférieurs aux remboursements CPAM : nous les relevons, ça ne sera pas répercuté sur le patient. »

Tous ces ajustements ont demandé un gros travail à nos services, les dentistes ont été consultés.

Près de 17% des patients se présentent sans mutuelle (ou sans mutuelle agréée par les CMS). Il y a à peu près 30% de non-Argenteuillais sur tous les patients des CMS.

« Le reste à charge ne sera pas supérieur pour les Argenteuillais ».

J’ai demandé en commission des nouvelles de l'équipe de prothésistes de la Ville. Philippe Métézeau m’a indiqué qu’il continue à fonctionner. "Il y avait un peu de sous-emploi, on a cherché des marchés pour le labo, on n'en a pas trouvé de très intéressant ; ensuite, une personne est partie à la retraite."


Georges Mothron répond enfin à Franck Debeaud sur la motion proposée par celui-ci. Le maire l’estime non recevable car la motion devrait présenter un « intérêt local », un lien avec son territoire, ses spécificités, ses habitants. L’ordre public relève uniquement de l’État, et il est « parfois compliqué, comme l’illustrent les manifestations des Gilets Jaunes ». Les armes peuvent causer des dommages tragiques comme le montre ce qui est arrivé, de façon tragique, à Sébastien Maillet.

Franck Debeaud : « l’incidence locale est évidente, de nombreux Argenteuillais participent à ces manifestations ».

Philippe Doucet : « évidemment. On ne parle pas des Martiens. Cet Argenteuillais n’était pas en train de casser des choses. ».

Néanmoins… si l'on peut dire… on enchaîne.

Notes

[1] Point 7 ici.

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