La crue de 1910 reste-t-elle un risque ? Oui !

par Frédéric Lefebvre-Naré

Quelques éléments de fait sur ce point très débattu autour du projet “Cap Héloïse / Les Promenades Argenteuil”.

1. La crue de 1910 n’est pas la plus haute possible ni la plus haute connue (celle de 1658 aurait été plus élevée). Elle sert juste de référence règlementaire comme définition de “ce qui a chaque année 1% de chances d’arriver” (la crue centennale).

2. Si la configuration météo de 1910 se reproduisait, la montée des eaux *à Paris* serait un peu inférieure à celle de 1910 (47 cm de moins au pont d’Austerlitz selon ce rapport, scénario S2, 70 cm selon ce document officiel) grâce aux lacs-réservoirs en amont. Des travaux qui commencent à peine visent à réduire cette cote d’encore 40 cm.

3. Si la Seine montait, à la hauteur de la salle Jean Vilar, à la cote 28,13 m au sens du PPRI (c’est-à-dire de 47 cm de moins qu’en 1910) le site serait, non pas submergé (d’autant que Fiminco prévoit de remblayer fortement pour que sa dalle soit au-dessus) mais très affecté : la voie sur berges serait sous l’eau, de même que le boulevard Héloïse à hauteur de l’entrée du marché (face à la rue de l’Hôtel Dieu) - de même que côté Sud à partir de la rue de Seine.

4. Si la Seine avait cette crue, une grande partie de Colombes serait inondée ; des quartiers non habités en 1910, aujourd’hui pleins d’immeubles de logement (Fossés-Jean, Arc Sportif, tout de quartier autour de la gare du Stade). Ils devraient être inondés, par remontées de la nappe. Est-ce que, face à la crue montant de plus en plus, la demande des habitants ne conduirait pas à les protéger pas par des pompages, faisant monter d’autant le niveau du fleuve à la hauteur de Jean Vilar ? Je doute donc que nous bénéficierions de la même “baisse de 47 cm” (ou 70 cm) que Paris. (Si des ingénieurs hydro peuvent me démentir, tant mieux !).

5. Avec le changement climatique, des situations météo plus graves que celles de 1910 sont-elles plus susceptibles de se produire ? Les prévisions actuelles suggèrent un risque stable, mais, à ma petite connaissance, l’Ouest de l’Europe a un rivage et un relief si compliqué qu’on a du mal à anticiper le futur régime des courants marins et des vents, et il y a donc une forte incertitude. Le commissaire enquêteur en a déduit qu’il fallait prendre en compte ce risque. Le maire a explicitement rejeté ce raisonnement comme “au doigt mouillé”.

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