par Bernard Rols
Le 15 avril 2019, la cathédrale Notre-Dame de Paris était partiellement détruite par un incendie.
Les Français(es) sont bouleversé(e)s !
Cette cathédrale des XII – XIIIème siècles (connue dans le monde entier par l’œuvre littéraire de Victor Hugo portée à l’écran) est un chef d’œuvre de l’art gothique.
Notre Dame reste depuis 850 ans, un lieu de prières, un des plus prestigieux de la chrétienté, possédant des reliques religieuses inestimables, sauvées in extremis des flammes.
Elle a été le témoin privilégié de nombreux épisodes de notre Histoire Nationale.
Elle est devenue un des monuments historiques les plus visités de Paris et de France.
Malheureusement, depuis cet accident dramatique, Notre-Dame fait l’objet de polémiques, qui ne font pas honneur à notre pays.
Le premier à ouvrir « le feu » (pardon d’utiliser cette métaphore) fut Dupont-Aignan, président de Debout la France, qui les cendres encore chaudes, voulait savoir s’il s’agissait d’un attentat. Le Rassemblement National a aussi émis l’idée d’un possible attentat.
Certes, toute interrogation est légitime mais nous ne pouvons pas ignorer les arrière-pensées de celle-ci, qui fait suite à des déclarations mensongères sur le nombre de migrants accueillis en Europe, ou sur le Pacte de Marrakech.
Dès le lendemain, les familles Arnaud, Pinault et Bettancourt, à la tête de fortunes considérables, ont décidé, par l’intermédiaire de leurs Fondations respectives, d’aider à la reconstruction de Notre Dame – 500 millions d’euros cumulés – ce qui lança aussitôt 2 autres polémiques sur le fait que cet argent aurait pu aider à financer des Services Publics, et qu’ils allaient bénéficier de déductions fiscales.
Certes, cet argent a été certainement gagné sur les marchés financiers au lieu d’être investis dans l’économie réelle, mais qui ira se plaindre de leur générosité ?
Il ne faut pas oublier que tout touriste étranger qui vient à Paris, c’est aussi des nuitées d’hôtel, des restaurants gastronomiques et des achats de maroquinerie, de parfums… Des emplois à la clé dans le tourisme, la restauration et l’industrie du luxe.
Il est donc dans l’intérêt majeur de notre pays (et bien entendu, de leur intérêt) de financer rapidement la reconstruction de Notre Dame.
Quant aux déductions fiscales, elles sont limitées sur le montant des dons.
Il y a eu ensuite la question de savoir s’il fallait la reconstruire ou pas à l’identique, et nous avons un avis très partagé sur le sujet.
Et pourquoi ne pas envisager un concours d’architectes pour imaginer une nouvelle flèche ?
Si Viollet-le-Duc était encore vivant, aurait-il reconstruit sa flèche à l’identique ou aurait imaginé une nouvelle flèche ?
Une partie de la charpente bois, surnommée « la forêt », datait du XIIIème siècle ; c’est son ancienneté et non pas son matériau qui faisait sa renommée.
Je fais entièrement confiance aux architectes des Monuments de France qui refuseront les projets dénaturant la cathédrale.
Beaucoup de collectivités territoriales ont voté des crédits pour la reconstruction de Notre Dame ; le Conseil Municipal d’Argenteuil a voté un don de 10 000 euros.
Certaines reviendraient désormais sur leurs promesses car le patrimoine local reste aussi à sauvegarder, et la somme recueillie à ce jour – 1 milliard d’euros – dépasserait le coût de la reconstruction estimée à 600 000 euros.
D’abord ce n’est qu’une estimation, en l’attente des expertises définitives sur la structure de l’édifice.
Outre la restauration du bâti de la cathédrale, il faudra prévoir les restaurations de l’orgue et des œuvres d’art, endommagées par l’eau déversée pendant 3 heures par les Sapeurs Pompiers.
Enfin, une reconstruction ne peut pas s’envisager sans une restauration complète des vitraux, des façades…
Emmanuel Macron a promis une reconstruction dans 5 ans ; aussitôt, levée de boucliers des architectes du patrimoine, d’historiens… sur les délais.
Notre pays doit prouver qu’il est en capacité de la reconstruire dans des délais raisonnables mais je doute fort de pouvoir tenir un délai aussi court : la restauration du donjon du château de Vincennes, qui menaçait ruine, a pris 12 ans.
La construction aurait pris 107 ans selon la durée communément retenue (1163 – 1270) : l’adage populaire retranscrit l’impatience légitime; conséquence d’une longue attente.
Et nous revenons au début de mon billet.
L’hypothèse d’un accident ou d’une maladresse étant vraisemblable, selon l’enquête judiciaire en cours, Dupont-Aignan lance une nouvelle polémique en déclarant que « sans aucun doute, l’Etat nous cache quelque chose ».
J’ose espérer qu’il s’agit de la dernière polémique que nous entendrons.
Que l’unanimité des Français attachés à notre patrimoine et notre histoire, face à ce drame, ne dévie pas en désunion sur des polémiques stériles qui à l’inverse des tours de Notre Dame ne nous élèvent pas.
1 De triton -
Viollet-Le-duc a été très critiqué pour ses innovations médiévales, et dans ND de Paris, victor Hugo critiquait déjà les restaurations pratiquées de son temps.
2 De Bernard -
Bonjour triton
Comme vous dîtes, Viollet-le-Duc a été très critiqué pour ses innovations médiévales y compris pour sa restauration de la Cité de Carcassonne.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cit%C...
En revanche, sans son intervention, aurions nous encore le plaisir de l'admirer ?
Attendons de voir le ou le(s) projet(s) retenu(s) pour la réhabilitation de Notre Dame si celle à l'identique n'est pas décidée.
PS : Des projets loufoques circulent déjà sur Internet.
3 De Bernard -
Projet de loi pour la restauration et la conservation de la cathédrale Notre Dame de Paris
Les principales dispositions de ce projet de loi étudié ce jour à l'Assemblée Nationale :
- souscription nationale clôturée par décret
- réduction d'impôt valable sur les dons entre le 16/04 et 31/12/2019
- création d'un comité de contrôle des dépenses de restauration
- création d'un nouvel établissement public
- adaptation par ordonnance des règles d'urbanisme
http://www.assemblee-nationale.fr/1...
4 De Bernard -
Pollution au plomb suite à l'incendie.
Selon l'association environnementale Robin des Bois, nous sommes devant un scandale sanitaire majeur.
Cette association compare la cathédrale à une friche industrielle !
https://www.francetvinfo.fr/culture...
L'Agence Régionale de Santé indique de son coté que la présence de plomb ne peut avoir un impact sur la santé qu'en cas d'ingestions répétées.
https://www.iledefrance.ars.sante.f...
L'association Robin des Bois réclame une décontamination lente et programmée.
C'est une évidence.
Après chaque incendie d'un site industriel, commercial, d'un immeuble d'habitation ou tout simplement d'une maison particulière, la décontamination est nécessaire avant toute reconstruction.
Les assureurs prennent en charge cette décontamination.
Cela sert à quoi de lancer cette nouvelle polémique sinon à affoler les touristes et les riverains ?
5 De Bernard -
Le projet de loi sur la restauration de la cathédrale a été voté par l'Assemblée Nationale
http://www.leparisien.fr/societe/re...
6 De Bernard -
La fondation IFRAP réclame de la transparence pour la restauration de Notre Dame.
https://www.ifrap.org/etat-et-colle...
7 De Bernard -
Un mois après l'incendie, où en est-on ?
Selon une déclaration de la Fondation du Patrimoine, les voûtes sont surveillées par des capteurs laser.
Les arcs-boutants vont être étayés.
Les travaux de reconstruction de Notre Dame sont donc pour l'instant dans une phase de sécurisation avant de passer à celle du diagnostic.
La Fondation du Patrimoine annonce séparément que la collecte des dons pour la reconstruction de la cathédrale est suspendue.
A ce jour, les promesses de dons s'élèvent à 883 millions d'euros dont 600 millions promis par les grands groupes industriels.
En revanche, seuls 38 millions d'euros ont été effectivement reçus.
La Fondation du Patrimoine considère que les fonds récoltés sont suffisants pour la reconstruction.
D'autre part, l'émotion suscitée par ce drame est retombé et à ce jour les sommes perçues deviennent dérisoires.
De son coté, l’archevêché de Paris sonne l'alarme estimant que rien n'est encore joué et que le coût réel de la reconstruction ne peut pas être encore estimé.
Enfin, l'enquête sur les circonstances de l'incendie progresse.
L'hypothèse d'un court-circuit, peut être au niveau des ascenseurs du chantier, mobilise la Police Scientifique.
La piste intentionnelle ou criminelle n'est pas loin d'être écartée.
8 De Bernard -
860 ans après le début de sa construction, Notre Dame retrouve aujourd'hui sa Croix au sommet de sa flèche, détruites toutes les 2 par l’incendie.