par Frédéric Lefebvre-Naré : tribune pour le magazine municipal de juin 2020
Le son de l’avant premier-tour a été celui des camions de pompiers. Jour après jour de campagne, je les croisais en route vers l’hôpital.
Le dernier soir, un instant après avoir collé ma dernière affiche, je me suis engueulé avec trois personnes qui venaient pour déchirer… une autre affiche. Je leur ai crié qu’Argenteuil n’était pas une poubelle, que même les panneaux d’affichage libre devaient être respectés. Le genre d’éclat de voix qui peut transmettre énormément de virus. Pour un sujet dérisoire.
Le lendemain, toux sèche, sensation de fièvre, etc. : comment tenir un bureau le dimanche ? Cela aurait mis en danger les électrices et électeurs. Jean Duplay, du cabinet du maire, m’a remplacé comme président du bureau de vote. Merci à lui !
A partir de mardi 17, nous avons été séparés, isolés. Chacun·e n’a pu voir et entendre qu’un petit peu de ce que vivaient nos concitoyens.
Une des cofondatrices d’Engagés pour Argenteuil a perdu sa maman, argenteuillaise : pas moyen même d’être réunis autour d’elle. Une colistière d’Argenteuil en commun a passé 40 jours en réanimation, nous ne l’avons même pas vue ; elle est maintenant en rééducation à la campagne. L’organisation de la distribution de masques m’a permis de sortir de mon quartier, pour la première fois, le 6 mai. À l’école Henri Wallon, un bénévole était venu nous aider : un jeune pompier qui revenait à peine d’une nuit d’intervention. Merci à lui.
Les historiens nous disent que les guerres bouleversent les sociétés ; mais les catastrophes naturelles ou les épidémies, pas tellement. Le monde d’après est celui d’avant, seulement marqué, blessé, un peu plus conscient de lui-même.
Souhaitons que la future équipe municipale sache re-tisser les liens qui se sont aujourd’hui distendus.