Réunion publique sur la santé à Argenteuil (ce 20 mars 2019)

par Frédéric Lefebvre-Naré

Le maire rappelle que la Ville consacre 1 million d'€ chaque année à la politique de santé, alors que la santé ne fait pas partie de ses "compétences" (des missions fixées aux communes par la loi).

"Elle a créé un centre d'appels téléphonique dédié pour la prise de RV dans les centres municipaux de santé. Elle projette de créer un comité des usagers.

La Ville s'efforce de maintenir l'offre de soins, c'est pas simple. Nous parlerons ce soir de la démographie médicale, de la santé environnementale, des actions en faveur de publics fragiles, (etc.)."

La première "table ronde", qui comme d'habitude n'est pas une table et n'est pas ronde, réunit à la tribune les principaux responsables des services de santé à Argenteuil. Alain Crevau, conseiller municipal délégué, demande "au Dr Pénicaud, responsable médical des CMS, comment la Ville participe à l'accès au soins de ses administrés". Le Dr Pénicaud explique où sont les CMS, leurs heures d'ouverture et comment prendre RV, "par téléphone comme vous l'avez dit tout à l'heure ou sur internet avec Doctolib, un nouveau service qu'on a mis en place récemment". Les dossiers médicaux sont visibles par les médecins des deux centres. Il y a des consultations non programmées, environ 10% : se présenter plutôt à 8h30 ou 13h30. On fait des injections sur RV avec les infirmières, et des analyses à Irène Lézine. On prête des tensiomètres, vous trouverez aussi des dentistes, les prothèses sont faites à l'atelier de prothèses du centre de santé. En ophtalmologie, c'est la seule offre de soins secteur 1 de la ville. On a perdu 5 jours de consultation qu'on n'a pu remplacer, faute de trouver un ophtalmologiste.

140000 consultations par an, "juste un peu moins qu'à l'hôpital". Les CMS font un tiers de l'offre de soins de ville à Argenteuil. 5800 patients en dentaire. Cinq des médecins ont moins de 35 ans.

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La directrice du CCAS, Mme Anton, enchaîne en présentant les services "médico-sociaux" du CCAS. La convention "ma commune, ma santé" pour proposer une mutuelle aux Argenteuillais qui n'en auraient pas. Le "transport accompagné" de personnes en mobilité réduite, essentiellement pour aller à un rendez-vous médical. "On a trois chauffeurs accompagnateurs, il suffit d'appeler le service le matin". "Ce dispositif a un coût de 2 à 4 € en fonction des ressources ; ce n'est pas une ambulance. Nous avons décidé d'ouvrir la prestation aux (accompagnements vers des médecins dans les) villes limitrophes."

La chef des Urgences de l'Hôpital : "je ne vais pas les présenter, tous les Argenteuillais y sont passés au moins une fois, statistiquement ! Elles sont là pour prendre en charge les malades graves, dont le pronostic vital est engagé. Ce sont trois services : la régulation à Pontoise (le 15), le service hospitalier d'accueil, et deux unités mobiles blanches. Les passages augmentent de 5% par an, c'est un des plus gros services d'Ile-de-France. 60% des patients viennent sans avoir appelé le 15 ; alors que quand on appelle le 15, une fois sur deux on a une solution autre que les Urgences. Certes elles sont ouvertes à tous, mais… Les infirmières organisatrices de l'accueil trient en fonction de l'urgence, pas de l'heure d'arrivée. On a la chance d'avoir un très gros plateau technique aux Urgences."

"On a réorganisé les urgences, il y a des films sur le sujet… en distinguant les consultations de médecine générale (non urgente), de 10 à 20h, relayée à 20h par la maison médicale de garde. Et une structure pour les problèmes plus médico-sociaux."

"Il y a des projets de reconstruction, les Urgences sont trop petites pour leurs 50000 passages par an."

Monsieur Martin, directeur de l'hôpital, rappelle que celui-ci est grand. "D'abord par la qualité de sa médecine, dans la génétique de cet établissement, avec des équipes organisées autour de la bonne médecine, de la médecine moderne."

"Parfois on peut s'organiser sur le territoire avec nos voisins, c'est le principe des regroupements hospitaliers, nous nous sommes naturellement rapprochés de Simone Veil à Montmorency, de Taverny et plus récemment de Nanterre et de Roger Prévot à Moisselles, dédié à la psychiatrie ambulatoire pour les patients du Nord des Hauts-de-Seine. On essaye de créer des synergies médicales. En ORL, le parcours d'un patient… on a recréé une RCP qui n'existait pas, une réunion de concertation pluridisciplinaire, où les spécialistes d'Eaubonne viennent."

"La situation financière est bonne, ce n'est pas le cas de tous les hôpitaux d'Ile-de-France. Nous avons pu reprendre notre programme de modernisation, que va présenter Bruno Kerhuel."

Celui-ci, directeur adjoint de l'Hôpital en charge de la modernisation…, rappelle la création du bâtiment Madeleine Brès. Il va maintenant être agrandi." Il s'agit de créer, au lieu des "pavillons épars", un "hôpital monobloc". (Ah bon). "On va à l'hôpital pour des durées de plus en plus courtes et des actes de plus en plus techniques, il faut donc que les services soient de plus en plus proches… On essaye de concentrer la partie aiguë du séjour hospitalier. On va essayer d'améliorer la qualité hôtelière" alors qu' "aujourd'hui on a beaucoup de chambres doubles, qui ne correspondent plus à la demande des patients."

"On fait expertiser ce projet, qui en est à la première mouture, par le Ministère de la Santé. Au plus tôt si tout se passe bien, on arriverait à voir sortir de terre ce nouvel hôpital début 2024… avec force optimisme. Ça veut dire que pendant quelques années ce sera un peu compliqué !"

"On sait que le parking est une grosse difficulté. On en tient compte… malheureusement, ce sera dans une phase après 2024."

Enfin Mme Henry est invitée par Alain Crevau à présenter " ce que fait concrètement l'Atelier santé ville". Mme Henry répond "qu'il s'agit d'une démarche partenariale" qui "peut être sollicitée pour organiser des actions de prévention," à l'exemple du "Village du coeur", "environ 250 personnes ont participé à cette manifestation, la 2ème édition sera le 12 mai".

Mme Anton reprend la parole au sujet de l'autonomie. Le CCAS organise des ateliers "mémoire" (pas destinés aux patients avec Alzheimer), sur la "prévention des chutes", etc., animés par des prestataires spécialisés. Mme Anton rend hommage aux anciens membres du Conseil des sages, qui ont élaboré une "carte de secours", tirée à 10000 exemplaires. "À la nouvelle maison des seniors d'Orgemont, on organisera des allies de prévention sur le thème du bien vieillir."

Elle poursuit avec la livraison de "repas du midi et de collation pour le soir", "en semaine et le vendredi pour le week-end" ; et les 3 "restaurants-club", 2 dans les "foyers autonomie" et 1 à la maison de quartier d'Orgemont.

"Le CCAS gère aussi le registre nominatif" des personnes âgées, 350 personnes, qui sont appelées quotidiennement en cas de canicule. Mais "le repérage, c'est l'affaire de tous".

En guise d'entracte un "petit film" présentant les CMS.

Philippe Métézeau invite les participants à la deuxième "table ronde" consacrée aux "partenariats".

Mme van Wonterghem, directrice de la CPAM du Val d'Oise revendique une "discrimination positive en faveur des plus fragiles" : il y a des "14000 bénéficiaires de la CMU à Argenteuil." "On va s'employer à mettre au point une organisation coordonnée de la médecine libérale. Nous avons à Argenteuil des unités mobiles de dépistage bucco-dentaire qui tournent dans les écoles. Nous avons un centre d'examens de santé avenue Jean Jaurès : plus de 1000 bilans de santé l'année dernière."

"45000 Argenteuillais ont ouvert un compte Ameli, ce n'est pas pour autant qu'on sait s'en servir, on a lancé des ateliers pour apprendre à mieux accéder à notre offre digitalisée."

"Nous avons monté une équipe de 4 personnes spécialisées sur la lutte contre le renoncement aux soin, en lien avec les CCAS notamment."

Il y a 3 Centres de Dépistage et de Soins (CDDS) dans le Val d'Oise ; Mme Labdoune, infirmière dans celui d'Argenteuil (Val Nord), le présente. "Nos 4 principales missions concernent la vaccination (les lundis sur rendez-vous), la lutte contre la tuberculose, la prévention des AST, et le 'parcours santé' des bénéficiaires du RSA."

(J'ai plongé dans le sommeil à ce moment-là. Pas moyen de résister à cette séquence de lectures".)

À 22h24, la parole est passée à la salle, en l'occurrence à un "patient bariatrique expert" qui n'a pas entendu parler d'obésité dans la "ville la plus obèse de France", il me réveille en sursaut en le répétant trois fois. Philippe Métézeau répond que cette réunion n'est "sûrement pas la dernière". De la salle, le "président de la CME de l'hôpital d'Argenteuil" répond sur ce qui y est fait, chirurgie bariatrique incluse.

Marie-José Cayzac répond qu'une ville avec 28 fast-food entre gare et basilique… mais a une autre question : sur la pollution. "J'insisterais d'autant plus qu'un projet sur les bords de Seine semble se profiler."

Une infirmière scolaire indique qu'il n'y a plus de gynécologue sur Argenteuil ni Bezons vers qui aiguiller des jeunes qui ne voudraient pas demander la carte Vitale aux parents. Le Dr Pénicaud répond que les 2 CMS assurent des consultations anonymes sur demande des jeunes patientes. Voilà un aiguillage fait, bénéfice de cette soirée !

Les orthophonistes manquent également.

Un autre participant déplore l'absence de médecine du sport. Les services de médecine scolaire n'ont plus l'effectif qui leur permettrait de voir les élèves dispensés, de faire des certificats… et renvoient vers le médecin traitant.

Une personne revient sur l'action des CDDS en matière de dépistage, de "vie sexuelle", de formation à la "vie affective et sexuelle" dans les collèges et lycées.

Une personne demande pourquoi l'hôpital "ne prend pas les mutuelles". Le directeur répond sur la "complexité administrative de vérification des droits ouverts… Des opérateurs numériques font le lien… Il faudrait qu'on y réfléchisse".

Une patiente regrette que les dermatologues des CMS disent "ne plus avoir l'autorisation de faire de la petite chirurgie". Mme Pénicaud dément.

Un participant interroge sur la "barrière de la langue et de la culture" dans une ville de "diversité". La directrice de la CPAM répond que dans le Val d'Oise, "un tiers de nos assurés est né à l'étranger ; c'est pourquoi nous maintenons des accueils,…nous nous appuyons sur un réseau de partenaires… On a de la peine à toucher les personnes les plus éloignées de la prévention, d'où la nécessité de l'aller-vers… Sur le diabète, il y a des freins à l'accès à la prévention liés aux cultures…" Une responsable du CMP évoque la barrière de la langue en psychiatrie : "nous orientons vers des centres trans-culturels à Paris, mais ils sont sur-saturés, nos orientations sont rejetées".

En conclusion, Philippe Métézeau annonce pour le 18 avril, 20h30, une prochaine réunion au sujet (si j'ai bien noté) du diagnostic des difficultés de santé à Argenteuil (plutôt de l'offre de soins : Cf. commentaire de Philippe Métézeau ci-dessous).

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