La banlieue est-elle encore dans la République ?

par Bernard Rols

… Tel était le thème des Etats Généraux du PS le 18 octobre 2014 à Argenteuil. Nous pouvions débattre sur ce thème et nous en avons débattu. Mais continuons à nous interroger sur l’influence actuelle des valeurs républicaines, dans certaines banlieues dont la paupérisation des habitants ne cesse pas.

La liberté de se déplacer est gênée par des transports archaïques et quasi inexistants de banlieue à banlieue.

La liberté de parole est pauvre quand les pouvoirs n’entendent pas les revendications légitimes des habitants.

La liberté de vivre en sécurité n’existe plus dans les quartiers de « non droit ».

L’égalité des chances est une utopie devant les discriminations à l’embauche.

L’égalité à l’école selon les préceptes de la IIIème République, a disparu depuis que l’école est à 2 vitesses.

La fraternité est malade des communautarismes que nous avons laissés s’installer et qui maintenant, par effet de rejet, amènent la « lepénisation » des esprits.

Est-il encore possible de parler de laïcité quand l’intégration est un semi échec, et avons nous voulu seulement la faire ?

La laïcité a-t-elle encore un sens après des années de stigmatisation de l’Islam et des musulmans ?

Cette banlieue pauvre et multiculturelle rencontre depuis des décennies 2 problèmes endémiques, le logement et le manque de travail pour les jeunes.

Depuis bientôt 40 ans, de multiples politiques sociales ont été mises en place pour améliorer le logement social et favoriser l’emploi des jeunes.

Voici la liste non exhaustive des mesures gouvernementales depuis quarante ans :

Emploi des jeunes :

1977 : pacte emploi des jeunes, 81 : plan avenir jeunes, 83 : stage d’initiation à la vie professionnelle, 84 : travaux d’utilité collective, 86 : formation en alternance avec exonération des cotisations sociales patronales, 89 : contrat emploi solidarité, 91 : contrat orientation, 92 : contrat consolidé, 94 : contrat insertion professionnelle, 96 : contrat emploi ville, 2002 : contrat jeunes en entreprise, 2005 : contrat première embauche + contrat d’insertion dans la vie sociale (CIVIS), 2006 : loi sur l’égalité des chances, 2009 : plan d’urgence pour l’emploi des jeunes, 2010 : contrat unique d’insertion

Pour quel résultat ?

Fin 2010, 24 % des emplois de jeunes de moins de 26 ans faisaient l’objet d’une aide de l’Etat.

Logement social :

1977 : Habitat vie sociale, 81 : développement social des quartiers, 82 : zones éducatives prioritaires, 86 : destruction de premières barres HLM, 88 : 2 ministres de la ville, Delebarre et Tapie, 93 : dotation solidarité urbaine pour villes pauvres + grand projet urbain, 95 : création de zones franches, 97 : mise en place des médiateurs dans les quartiers, 99 : grand projet de ville, 2000 : loi SRU soit obligation pour les Communes de 20 % de logements sociaux, 2002 : loi rénovation urbaine, 2004 : plan de cohésion sociale, 2007 : loi DALO – droit au logement.

Pour aussi quel résultat ?

En 2013, nous comptions 751 quartiers appelés Zones Urbaines Sensibles pour 3,9 millions d’habitants.

La moitié des mineurs y vivent sous le seuil de pauvreté.

Une personne voulant travailler sur 4 est au chômage.

Un adulte sur 7 y est illettré.

Le Val d’Oise compte 15 communes ayant des Zone Urbaine Sensible (Z.U.S.) dont 4 à Argenteuil.

Argenteuil a aussi 34 % de logements sociaux soit 9000 logements, et 8500 demandes de logement en attente.

Par honnêteté, je ne citerai pas les mesures prises sous la Présidence actuelle de François HOLLANDE, n’ayant pas assez de recul pour juger de leur efficacité

Certes, la loi SRU, imposant un minimum de 20 % de logements sociaux, a été une avancée sociale… mais cette loi n’est pas appliquée dans certaines communes où la population est en majorité aisée. D’autres mesures ont pu être cataloguées comme de simples réformes sans volonté politique d’améliorer les conditions de vie des bénéficiaires.

Tel est le constat douloureux de 40 années d’insuffisances et de manquements de la République envers ses banlieues.

Allons-nous renverser la vapeur, ou attendrons-nous de nouvelles émeutes sociales (rappelons celles de 2005 avec leur lot de voitures incendiées) qui ne feront qu’augmenter la xénophobie dans notre pays ?

Centristes, nous pensons que ce chemin sera long et difficile pour que la banlieue défavorisée adhère à nouveau aux valeurs républicaines, et se détourne enfin du vote populiste comme de l’abstention.

Nous devrons porter tous nos efforts sur les 10 priorités suivantes :

  1. Lutter contre l’échec scolaire. 150 000 jeunes sortent chaque année su système scolaire sans diplôme). Argenteuil a 28 % de jeunes sans diplôme contre 18 % dans le pays.
  2. Redonner à chaque citoyen la confiance en soi, le goût de l’effort et du travail.
  3. Avoir pour le pays une vision de son avenir et dire clairement où on veut l’amener.
  4. Défendre les institutions Européennes et expliquer pourquoi nous devons être européens.
  5. Redonner un sens à la solidarité pour lutter contre l’individualisme.
  6. Montrer aux jeunes issus de l’immigration qu’ils sont des Français à part entière.
  7. Lutter contre l’illettrisme des adultes.
  8. Redonner dans les collèges, une place importante à l’histoire de notre pays.
  9. Expliquer le rôle de nos élus et de nos institutions publiques.
  10. Redéfinir les fonctions du Service Public pour qu’il redevienne vraiment un service au public et à ses citoyens.

Pour exemple, sur Argenteuil – 105 000 habitants – aucun bureau de Poste n’est ouvert entre 12h30 et 14 heures !

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