Conseil municipal du 5 février 2019 : le live : Dassault

Allocution liminaire du maire Georges Mothron :

"J’ai participé hier au grand débat de 150 maires de banlieues ‘politique de la ville’ autour du Président la République. Je suis intervenu sur Dassault Argenteuil : c’est l’urgence. Nous avons rencontré la direction du groupe et de l’usine à de multiples reprises. J’ai cherché un appui auprès du Premier Ministre et du Ministre de l’Économie, sans retour. Je ne peux accepter la décision de Dassault. Argenteuil a toujours répondu ‘présent’ lorsque le gouvernement nous a sollicité, y compris sur la lutte contre a radicalisation. Je l’ai dit dans mon intervention, cela a suscité des réactions. Je suis le maire de tous les Argenteuillais quelles que soient leurs origines et leur religion. Nous sommes tous attachés aux valeurs républicaines. Nous avons lancé ce matin la « passerelle citoyenne » avec une conférence sur l’éducation. Je demande au Président de tenir l’engagement qu’il a pris hier soir pour (sic) nous aider.

Nous avions eu une alerte au début de notre premier mandat : la CGT Dassault nous avait demandé de les soutenir sur une opération où un déménagement leur paraissait à craindre. Nous l’avons fait. C’est pourquoi je suis fort marri que la CGT Dassault soit à l’origine de ce départ annoncé.

En rejoignant la métropole du Grand Paris, nous avions prévu de récupérer la compétence 'développement économique', et dès octobre 2015, premier maire d'Argenteuil à le faire, j'avais pris rendez-vous avec Éric Trappier à Saint-Cloud. Pour parler de Dassault, et parler du déplacement de la Ferme du Spahi vers la succursale Renault, si Dassault n'était pas intéressé par cette emprise pour elle ou ses sous-traitants. Il m'a répondu, c'est paru dans la presse, sur la santé de Dassault Argenteuil : 'les Rafale ne décollent pas, les Falcon souffrent, et dans mon usine aux États-Unis leur fabrication coûte 30% moins cher. Ce sont les Rafale qui nous retiennent, tant que nous avons quelques commandes.' Des commandes sont arrivées depuis, du Qatar, de l'Égypte, et un espoir en Inde… J'ai revu M. Trappier, il me répond : 'je demande à tous mes directeurs d'usine de proposer des améliorations de rendement et de spécialiser leur usine : celle d'Argenteuil est restée généraliste, elle aura une réorganisation à faire ; mais Argenteuil restera au moins 10 ans'. C'était fin 2016.

La CGT est venue me parler d'un risque de déménagement vers Mérignac ; voulant, de nouveau, qu'on les aide à assurer la pérennité de l'usine d'Argenteuil. Et quelques mois plus tard, la CGT Dassault fait un projet de déménagement vers Saint-Ouen l'Aumône ! en faisant une projection d'une usine nouvelle, sur un tract qu'ils diffusaient.

Éric Trappier m'a demandé de proposer un plan B, nous y avons travaillé ; j'ai demandé un rendez-vous fin 2018, je l'ai eu le 7 janvier 2019. Éric Trappier me dit que l'option Saint-Ouen l'Aumône est éliminée, de même que l'option de refonte d'Argenteuil, qui obligerait d'interrompre une des deux lignes de production. Restent deux projets : votre thèse de nouveau terrain à Argenteuil et celle de Cergy. Au plan de l'habitation, passer à Cergy éloigne certains salariés et en rapproche d'autres. Mais le terrain que vous proposez à Argenteuil n'appartient qu'à 70% à la Ville, il vous faudrait 2 ans pour exproprier les autres propriétaires.

Mais construire une usine comme ça en deux ans, c'est impossible de toute façon, à Cergy aussi. Nous avons proposé, avec le Conseil économique d'Argenteuil, une proposition de terrain appartenant à la Ville, libre immédiatement pour que l'usine puisse sortir en 2021 (?). S'il y a délais et recours, ce sont les mêmes à Cergy et Argenteuil.

Les instances de Dassault ont conclu, en CCE le 17 janvier, que le terrain de Cergy restait plus rapidement disponible.

Je suis persuadé qu'il y a un loup dans cette affaire. Quand j'ai demandé un rendez-vous à Matignon pour l'hôpital, je l'ai eu en quelques semaines. Sud Dassault, je l'attends toujours depuis la mi-décembre. De même pour le rendez-vous avec le Ministre des Finances et de l'Industrie. C'est pourquoi j'ai saisi hier la perche que constituait le débat avec le Président de la République, pour qu'il prenne conscience de cette situation.

Le President a répondu que l'État est le premier actionnaire et premier client de Dassault Aviation.

L'État avait déclaré Boucle Nord de Seine "territoire d'industrie". Et il laisserait partir Dassault vers d'autres cieux ? Ça ferait deux fois, après que SAGEM ait suivi le même chemin.

Voilà pourquoi je vous propose une motion, que je présenterai aussi au Conseil de la Métropole du Grand Paris."

Le maire lit la motion selon laquelle sa "proposition est rigoureusement identique en termes de disponibilité, de délais légaux, de surface et de prix, que (sic) celle de Cergy", "regrette la stratégie délibérée de la CGT Dassault", et "demande à Dassault et à l'État de réévaluer cette décision".

Il ajoute que "par un miracle totalement absolu, il y a eu d'une part un communiqué de presse de Dassault dans l'après-midi précisant leur intention, et une demande de l'Élysée que Dassault lui fournisse un rapport".

Franck Debeaud ne croit pas trop que la CGT Dassault soit le responsable : elle voulait surtout éviter le départ vers Bordeaux. "Vous annonciez que Dassault resterait au moins 10 à 15 ans, le maire de Bezons était plus dubitatif. Comment se fait-il que vous n'ayez pas sollicité notre députée, le président de la Métropole, et demandé un rendez-vous seulement mi-décembre ? Vous avez interpellé le Président de la République, nous soutenons votre démarche bien que tardive. Mais vous avez défini Argenteuil comme 'territoire si enclin à la radicalisation' : est-ce ainsi que vous pendez donner de l'attractivité économique à notre ville ?" (Applaudissements dans le public : le maire rappelle que le public est là pour écouter.).

Avant d'évoquer Dassault, Philippe Doucet veut "rendre hommage à Josette Audin, disparue il y a quelques jours après une vie de combat pour que le crime d'État envers son mari soit reconnu. Josette Audin avait été enseignante à Romain Rolland, Dominique Mariette nous avait demandé de baptiser le parc "Maurice Audin", je propose de le rebaptiser "Josette et Maurice Audin". Rendons aussi hommage à Michel Lefèvre, Argenteuillais au parcours exceptionnel, par ses responsabilités au CNES et au CEA ; j'aurais souhaité qu'il devienne en 2008 notre Adjoint au développement économique ; il a agi au département du Val d'Oise, en créant le dispositif Initiactive 95. Le christianisme l'inspirait, il fait partie de ceux qui l'ont au coeur et pas seulement dans les mots."

"Ce qui est dommage, c'est le dénigrement systématique de notre ville, que vous faites dès qu'un micro se tend. Des millions d'entrepreneurs, de Français, d'acteurs économiques, vous ont entendu désigner Argenteuil comme foyer de radicalisation. Avec votre ami Sarkozy, nous avions eu droit à 'racaille', avec votre ami Philippe Métézeau au 'Malodore', et avec vous tout seul, à Argenteuil ville des musulmans radicalisés. On ne sait que vous dire. Cette ville n'en peut plus de cette stigmatisation. Les habitants se promènent avec une clochette dans le dos… c'est insupportable qu'elle soit portée par leurs propres élus. Je n'ai jamais vu un maire dénigrer à ce point sa ville."

"Nous aussi nous avions vu M. Trappier, à son siège, contrairement à ce que vous dites… je peux vous donner l'endroit, sur le bateau en face du siège. Déjà il m'a parlé de 10-15 ans… En 2014 il y avait 1100 salariés, c'est descendu à 950, puis il y a eu un pan de réduction à 600 avec le déménagement des grosses machines : c'était en 2016, il n'y avait plus l'agglomération ! Penser que M. Trappier se fait dicter sa conduite par la CGT… on n'a pas dû rencontrer le même !"

"Dassault rencontrait des problèmes de recrutement : nous avions créé un BTS de chaudronnerie à Jean Jaurès, dédié à Dassault. Vous aviez promis qu'on allait voir ce qu'on allait voir : vous aviez recruté deux génies du développement économique, Mickaël Camilleri parti vers d'autres cieux, et Alain Leikine qui avait déjà sévi (sic) de 1995 à 2001. Nous constatons le dépérissement de tout ce que nous avions entrepris, Silicon Banlieue, l'Ouvre-Boîte, Initiactive 95 dont nous parlions à l'instant…"

"Le résultat de votre brillante intervention, c'est un communiqué de presse officiel de Dassault, qui a dû beaucoup apprécier le lien Argenteuil-radicalisation."

"Des logos "territoire d'industrie", "politique de la Ville", on en a vu on en a entendus… Mais quand les grosses décisions se prennent, je ne crois pas que Bruno Le Maire y fasse beaucoup attention."

"Je ne vois pas l'intérêt, si vous cherchez un soutien unanime, de taper sur la CGT-Dassault, je vous suggère de retirer cette phrase."

Philippe Métézeau revient sur Dassault et se réjouit de l'information détaillée qui a été apportée par le débat. "L'intervention du maire aurait gardé toute sa pertinence s'il n'avait pas prononcé le mot qui vous fâche." (justement !…).

Philippe Métézeau accepterait la suppression de la phrase sur la CGT-Dassault, si c'est un moyen d'obtenir l'unanimité.

Fatima Amarir regrette de ne pas avoir été citée par Philippe Doucet, en tant qu'adjointe au développement économique… "Sur Silicon Banlieue nous vous présenterons prochainement un projet intéressant. L'Ouvre-boîte se porte très très bien, on travaille en très bonne collaboration avec Initiactive 95, et pour Dassault espérons que le président Macron aura entendu le message."

Georges Mothron accepte de retirer la phrase mettant en cause la CGT-Dassault. Unanimité sur la motion.

Voir l'article aussitôt publié dans Le Parisien.

Georges Mothron fait adopter, à l'unanimité également, le PV du Conseil précédent.

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