Le 6 juin 1944 : une journée à Paris

par Bernard Rols

Nous commémorons le 75ème anniversaire du D DAY.

Le débarquement des alliés en Normandie amènera quelques mois plus tard aux libérations de Paris et de la France, mettant fin à 4 années sombres d’Occupation de notre pays par les armées du IIIème Reich.

Maurice Garçon, académicien, l’un des plus grands avocats pénalistes de son temps, a tenu son journal qui couvre, jour après jour, parfois heure après heure, la guerre, la défaite, l’Occupation et la Libération.

Voici quelques larges extraits de son journal en ce jour du 6 juin 1944, que l’Histoire a nommé « le jour le plus long ».

9 heures : Marie Darras… (probablement l’épouse de son assistant) m’annonce que les Anglais auraient débarqué au Havre. Elle ne le sait pas directement. C’est son concierge, qui a entendu la radio franco-allemande, qui le lui a rapporté.
Impossible de vérifier. Depuis quelques jours, l’électricité est coupée toute la journée. Excellent moyen pour empêcher d’entendre des nouvelles…

10 heures 30 : ….Il paraît bien qu’il y a quelque chose mais on ne sait pas quoi exactement. Tout se réduit à ce que la flotte anglo-américaine bombarderait du coté de la Normandie, à Boulogne et à Calais. On dit aussi qu’il y aurait des parachutistes du coté de Cherbourg. En somme, rien de précis.

12 heures : Depuis ce matin, les alertes succèdent aux alertes. Le courant est rétabli pendant que les avions menacent pour qu’on puisse éclairer les abris... une nouvelle époustouflante. Le débarquement pratiqué du Havre à Cherbourg et, d’un élan foudroyant, les armées du débarquement auraient avancé de 100 kilomètres.

13 heures 30 : Une amie me dit avoir entendu que les Anglais se seraient emparés de plusieurs aérodromes….

17 heures : Je rentre du Palais (de justice). La rue est calme. Personne n’a l’air de se douter qu’on se bat férocement à 200 kilomètres… Rien de changé avec ce qu’on voyait avant-hier… A peine parlent-ils (les avocats du Palais) des évènements. Notre sort se joue, et pas loin. On n’a pas l’air de s’en douter... Quelques uns, qui veulent paraître renseignés, annoncent la prise de Caen et de Rouen….
La gare Montparnasse et la gare Saint-Lazare sont fermées.

22 heures : ….un ami dont le père est à Radio Paris, affirme qu’un second débarquement vient d’avoir lieu à Cannes, à Fréjus et à Marseille. La TSF n’en dit rien. Les nouvelles sûres sont assez brèves. Le débarquement s’est fait entre l’embouchure de la Seine et celle de l’Orne. On se bat dans Caen. Les Américains, d’autre part, ont débarqué du coté de Cherbourg. En dehors de cela, on ne sait rien. Il n’y a qu’à attendre.
Je crois qu’il ne faut pas tenir compte des mille informations qu’on répand, parmi lesquelles la plus grave serait l’arrestation en masse, demain matin, des hommes de 15 à 60 ans…

Minuit : ….A partir de 10 heures du soir, le courant électrique revenu permet d’écouter un peu tout ce qu’on veut... Chacun des antagonistes déclare que les opérations se déroulent dans des conditions satisfaisantes.

Au-delà de ce que l’on appellerait aujourd’hui les fake news, l’espoir renaissait pour toute une population bientôt libérée.

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