L'élection, une obligation pour l'électeur, ou plutôt pour l'élu ?

par Bernard Rols

Notre député Philippe Doucet a adressé au Premier Ministre 24 propositions pour lutter contre « l’apartheid territorial, social et ethnique ».

Une de ces propositions fait débat dans les médias : celle de rendre le vote obligatoire.

Les arguments avancés par Philippe Doucet sont bien entendu, recevables :

Tout citoyen français a des droits mais aussi des devoirs ; aller voter est un devoir civique. Pourtant, les taux d’abstentions que nous connaissons à chaque élection depuis plusieurs années, sont inquiétants.

Rappelons-nous que les femmes n’ont eu le droit de vote qu’en 1946 !

L’offre politique est assez diverse pour que chaque électeur puisse choisir son candidat ou au pire, voter « blanc » ; ce vote blanc est désormais reconnu par la loi, et n’est plus assimilé à un vote « nul ».

Quelle légitimité a un candidat élu au scrutin majoritaire à 2 tours alors que, avec une abstention avoisinant les 50 %, il est en réalité élu par un quart des électeurs qu'il représentera pendant son mandat ?

Pour autant, certains ministres (Ségolène Royal et Marisol Touraine) s'y sont déclarées défavorables lors de déclarations télévisées.

De mon côté, je ne pense pas non plus que rendre le vote obligatoire réconcilierait pour autant les Français avec la politique.

Tout au contraire, nous risquons d’avoir l’effet inverse à celui souhaité : probable augmentation des bulletins nuls, voix données à des candidats peu représentatifs dans le « paysage politique » qui risquent de faire des scores plus importants, les autorisant à négocier leurs voix au second tour.

Par ailleurs, si le vote devient obligatoire, il devra être prévu des sanctions pénales ou financières pour ceux et celles qui n’auront pas voté !

Qui sera chargé d’envoyer les amendes ?

La commune qui organise les élections et délivre les cartes d’électeurs ? Un maire prendra t-il le risque politique de sanctionner 20, 30 % voire plus de ses administrés ?

Les services de la Préfecture ?

Dans tous les cas, il faudra pointer le cahier d’émargement de chaque bureau de vote.

L’opération peut s’avérer coûteuse pour le contribuable qui aura voté !

N’y a-t-il pas aussi une arrière pensée électoraliste, les abstentions étant plus préjudiciables à la Gauche qu’à la Droite ou l’Extrême Droite ?

Pour réconcilier les Français avec la politique, pour les ramener volontairement vers les bureaux de vote, je propose plutôt que tout élu ne respectant pas une promesse électorale voie son indemnité d’élu réduite, temporairement ou définitivement.

Un organisme indépendant pourrait être mis en place pour se prononcer sur la faisabilité sociale, économique ou environnementale de la promesse faite et non tenue, sur la capacité ou pas de la financer et il pourrait être saisi par l’opposition d’un conseil municipal ou départemental ou par tout parti ayant obtenu 5 % des voix aux dernières élections.

A terme, cette moralisation de la politique mettrait fin aux promesses démagogiques faites dans le seul but de se faire élire, et ramènerait les citoyens vers les partis démocrates et républicains, y compris les électeurs actuellement « égarés » au FN.

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