par Bernard Rols
Les syndicats de la SNCF s’opposent à la réforme de leur régime spécial de retraite et organiseront à partir du 5 décembre prochain, un mouvement de grève probablement reconductible à 3 semaines des fêtes de fin d’année.
Selon un sondage publié ce dimanche dans le JDD, 61 % des personnes interrogées préfèrent une harmonisation des régimes de retraite à l’existence de régimes spécifiques.
76 % des français se disent très largement favorables à une réforme du système de retraites.
Dans un esprit d’équité et de justice sociale, je suis également favorable à un système universel de retraite par points.
42 caisses de retraite, ce n’est également plus acceptable en coûts de gestion, car nous serons amenés à nous reconvertir tout au long de notre vie professionnelle, à l’inverse des carrières linéaires dans une seule branche professionnelle comme nous les connaissions, qui deviendront de plus en plus difficiles à réaliser.
S’agit-il alors pour les syndicats de la SNCF d’appeler à une grève corporatiste avec la volonté de maintenir un système de retraite avantageux pour les cheminots, financé grosso modo à 60 % par la dette publique ?
Très certainement, car selon l’IFRAP, le régime spécial de la SNCF c’est 3,2 milliards d’euros de subventions d’équilibre payées par le contribuable.
Mais pour autant, ne faut-il voir dans cette grève, qu’une revendication corporatiste des cheminots considérés comme des privilégiés par beaucoup de Français ?
Pour rappel, l'ouverture à la concurrence s'accélère puisque les transports nationaux (TGV) seront concernés à partir du 1er janvier 2020 ; les Intercités et TER le seront aussi.
La Cour des Comptes vient d'évaluer à 700 millions d’euros le surcoût de la politique sociale à la SNCF.
Il va sans dire qu’en l’absence de la suppression de leur régime de retraite spécial et d’une vraie négociation en interne sur les conditions de travail, les salaires et les effectifs, la SNCF risque de décrocher dans les prochaines années face à la libéralisation du transport ferroviaire voulue par l’Europe.
Certes, la concurrence existe déjà pour les TGV internationaux (Paris, Barcelone via Montpellier par exemple) et nous ne pouvons pas nous y opposer si nous voulons à notre tour conquérir des marchés européens.
En revanche, pour nos lignes intérieures LGV et pour nos lignes régionales, souhaitons-nous le démantèlement de notre entreprise ferroviaire historique au profit de sociétés privées ?
L’avenir aujourd’hui incertain de la SNCF, est primordial pour les cheminots et pour tous les Français, bien au-delà d’un conflit social pénalisant des milliers d’usagers sur plusieurs jours et d’une perte de chiffre d’affaires en millions d’euros pour la SNCF déjà lourdement endettée.
1 De xav95 -
Bonjour,
Je tiens à rappeler que le mouvement de grève ne concerne pas que la SNCF... à l'éducation nationale, nous serons aussi très fortement grévistes. Dans mon lycée, nous devrions dépasser largement les 60% de grévistes. Sachant qu'environ 10% des personnels ne sont pas attendus le jeudi... autant dire quasiment aucun cours. Et nous sommes à une très large majorité favorable à une reconduction de la grève.
Franchement, je suis électeur LR, d'habitude plutôt hostile aux grèves en tout genre mais il faut être lucide...
Je suis favorable à la retraite par point, à la disparition des régimes spéciaux. Mais la carrière se regarde comme un tout. Les fonctionnaires ont un mode de calcul des retraites favorable pour compenser des rémunérations très très en deçà de ce qu'ils pourraient espérer dans le secteur privé.
Et les compensations annoncées... on attend d'avoir des choses précises, chiffrées. Pour l'instant les chiffres sont clairs, en gros : perdre entre 800 euros et 1200 euros mensuel de retraite V.S. gagner entre 10 euros et 20 euros par mois sur la carrière par simple application du ppcr voté sous la présidence Hollande. C'est se moquer du monde !
Cdlt
2 De Bernard -
J'ai argumenté mon billet par des analyses publiées sur le site de l'IFRAP
Je me suis déjà référé à leurs analyses notamment dans le cadre du Grand Débat National et je continuerai à le faire même si les positions prises par cette fondation privée sont parfois trop libérales de mon point de vue.
Leurs analyses sont souvent pertinentes et perceptibles par chacun sur l'endettement de notre pays, souvent la mauvaise gestion de l’État et de nos collectivités territoriales et les dérives budgétaires de telle ou telle administration...
En revanche, que dire de leur derniere publication ?
https://www.ifrap.org/retraite/le-s...
Une grève n'est pas un scandale mais un droit constitutionnel.
Néanmoins, quand la SNCF a un endettement de 50 milliards d'euros que le contribuable devra payer, que son avenir est incertain, que les 37 jours de grève en 2018 lui ont coûté 790 millions d'euros soit 21 millions d'euros par jour (une rame TGV c'est 30 millions d'euros) une nouvelle grève dans la durée pourrait lui porter le coup fatal sans compter une économie en berne à l'approche des fêtes de fin d'année .
3 De Bernard -
Bonjour xav95
Vous écrivez : "Mais la carrière se regarde comme un tout. Les fonctionnaires ont un mode de calcul des retraites favorable pour compenser des rémunérations très très en deçà de ce qu'ils pourraient espérer dans le secteur privé."
Votre analyse est juste (dans son sens pas fausse).
L’État a toujours mal payé ses fonctionnaires et pour compenser des salaires inférieurs à ceux du privé, a mis en place tout un système ubuesque de primes (la plus farfelue est à ma connaissance : la prime pour absence de primes) et d'avancement à l'ancienneté.
Par ailleurs, les gouvernements de gauche et de droite ont toujours cédé devant les revendications des syndicats en embauchant à tour de bras générant une masse salariale interdisant toute remise à plat des grilles salariales.
Par exemple, dans l’Éducation Nationale nous aurions 900 000 enseignants pour 12,5 millions d'élèves soit un enseignant pour 14 élèves.
Quand on voit les fermetures de classes par manque d'élèves ou à l'inverse, les classes surchargées et la difficulté à remplacer un enseignant absent, il y a comme un problème... même en prenant en compte les arrêts maladie, les congés maternité (les enseignants étant majoritairement des enseignantes) et ceux en formation.
Alors effectivement la future retraite à points pour un fonctionnaire classe C pourrait être équivalente à la pension actuelle d'un salarié du privé qui a perçu le SMIC pendant ses 25 meilleures années.
Je joins un lien sur la rémunération des enseignants que je vous laisse commenter
https://www.ifrap.org/education-et-...
4 De xav95 -
Bonjour,
Ce que vous dites est juste. Ainsi que le lien IFRAP qui précise en effet les données utilisées dans le débat public. Je précise et apporte quelques commentaires toutefois.
Oui la rémunération des enseignants est quelque chose de complexe. Effectivement, il y a la question des diverses primes et heures supplémentaires qui peuvent représenter une part importante de leur rémunération. Je suis bien placé pour le savoir puisque je perçois presque 1700 euros/mois en diverses heures sup' et indemnités. Néanmoins :
- je suis une exception et ma fiche de paie cumule presque toutes les hs & indemnités et cumuls possibles de l’Éducation Nationale pour un prof, mon temps de travail est très éloigné de 35h... ;
- l'attribution des heures supplémentaires, leur nombre, les missions accessoires, etc, sont des choses qui vont et viennent... selon les structures pédagogiques (ouverture de classe, fermeture de classe, arrivée d'un collègue certifié à la place d'un agrégé, etc) la répartition du nombre d'heures varie d'une année à l'autre. Autant dire que les heures sup' ne sont ni acquises, ni pérennes... vous pouvez très bien d'une année à l'autre subir un choc de rémunération. Cette rémunération complémentaire ne peut donc pas être considérée au même titre que la rémunération indiciaire !
Ce que vous dites sur l'augmentation de la masse salariale et le taux d'encadrement est vrai. Les gouvernements ont tous laissé filer le nombre de profs. Si bien que nous sommes tellement nombreux que nous augmenter coûte trop cher... Personnellement, j'étais ouvert au discours de Sarkozy sur l'arbitrage temps de travail / paye. Je fais parti des collègues qui seraient prêts à ce qu'on augmente un peu mon obligation de service en contrepartie d'une vraie augmentation de salaire indiciaire. Clairement, ce n'est pas la position de la majorité et des syndicats... je le déplore. Quant au taux d'encadrement, c'est très difficile à analyser et ce chiffre cache aussi des disparités : en vérité, dans l'enseignement secondaire, on a multiplié options, divers cours en demi-groupes si bien qu'on arrive à une situation consistant à avoir plein d'heures de cours avec 35 élèves, voire plus, et beaucoup d'heures de cours avec 15, voire 10, voire 3 élèves... Le chiffre de 14 est donc en fait une moyenne ne correspondant à rien de la vraie vie.
Bref, oui, l'éducation nationale, c'est compliqué. Cela ne justifie pas qu'on en rajoute une couche et qu'on contribue encore à dévaloriser la profession en s'attaquant à ce qui subsistait comme acquis, le calcul de la retraite. Si on s'attaque à la question de la retraite, comme je disais, qu'on s'attaque à l'ensemble de la carrière... arbitrage temps de travail / rémunération, refonte du système et rationalisation des enseignements optionnels qui coutent des fortunes en heures. Pour finir, même si l’argument est un peu trivial, il a sa part de réalité : si c'était si rose et si avantageux d'être enseignant, pourquoi y aurait-il autant de problèmes de recrutement... ? Difficulté à recruter qui a une incidence sur des territoires comme le nôtre : turn-over des équipes, présence quasi-exclusive d'enseignants non titulaires (ils sont parfois très bien) dans les disciplines en tension, etc.
Cdlt
5 De Bernard -
Bonjour xav95
E P A vous remercie pour votre témoignage d'enseignant sur vos réserves sur le système universel de retraite par points.
Ce matin, un cheminot en grève intervenait sur les ondes des "Grandes Gueules".
Il n'était pas opposé à travailler jusqu'à 64 ans mais demandait que ses primes qui sont une part importante de sa rémunération, soient prises en compte dans le calcul de sa future pension.
Mercredi prochain, le Gouvernement devra donner des garanties aux fonctionnaires, agents SNCF... sur quelles bases de leur rémunération seront calculées leur future pension.
6 De Bernard -
Le 12 décembre dernier, selon le Midi Libre (quotidien local) et relayé par BFMTV, un délestage sauvage a été effectué à Béziers. (les lecteurs habituels de ce blog savent mon attachement à cette ville)
33000 foyers ont été privés d'électricité.
Un incendie d'origine électrique s'est déclaré dans une biscuiterie.
Plus grave, l’hôpital de Béziers a également subi une coupure d'électricité. Des séances de radiothérapie ont été suspendues ou reportées.
"L'éternelle inconscience" d'une infime minorité qui considère que le droit de grève justifie tous les abus...pour faire entendre leurs revendications.