Cap Héloïse : arrêter de louvoyer !

par Frédéric Lefebvre-Naré

Le maire d'Argenteuil, face à l'opposition massive au projet "Cap Héloïse" porté par le promoteur Fiminco sur le site de Jean Vilar, continue à louvoyer.

Déjà le 13 février 2018, après avoir constaté le rejet du projet en réunions de quartier, il annonçait demander au promoteur des "modifications substantielles", notamment sur la hauteur du multiplexe et la "qualité architecturale" des logements.

Et dans le dossier présenté en mars 2019 à l'enquête publique, qu'avons-nous vu ? Un multiplexe à 43,20 m de haut, soit quasiment le maximum autorisé par le PLU (45 m), et des immeubles à façades quadrillées béton à faire fuir une tribu d'impressionnistes.

Malgré une communication minimaliste de la mairie, la participation a été nombreuse à cette enquête :

  • 142 contributions individuelles ou collectives à l'enquête sur la vente du parking, dont 140 ou 141 défavorables ; le commissaire enquêteur commente : "le très fort nombre d'observations s'explique probablement par l'opposition nette d'une partie de la population au projet" ;
  • 265 contributions (dont certaines collectives, là encore) à l'enquête dite "unique" pour l'autorisation préfectorale et le permis de construire, dont 251 défavorables au projet.

Dans son éditorial du dernier magazine municipal, le maire "se félicite" de cette participation nombreuse ! Merci à lui ! Il a même remarqué "qu'il n'y figurait pas de soutien massif".

Pourtant il persiste et signe, qualifiant le projet de "bouée de sauvetage" pour Argenteuil (en nous sortant de la Seine à 43,20 m de haut ?), dans Le Parisien, et ridiculisant le travail du commissaire enquêteur comme fait "au doigt mouillé" (que n'a-t-il grimpé loin du fleuve, à 43,20 m de haut ?). Georges Mothron reprend cette interview sur sa page Facebook en ajoutant : "ceux qui se sont exprimés durant l'enquête doivent être entendus".

Que ne les écoute-t-il !

Selon lui, dans son éditorial, "l'enquête valide le besoin d'offre … commerciale".

Qu'ont dit les Argenteuillais ? Selon le résumé du commissaire-enquêteur : "les interrogations menées auprès du public lors des permanences pour comprendre la raison de la baisse du commerce de centre-ville et de Côté Seine, ont conclu au fait que la population Argenteuillaise a progressivement tiré vers le bas l’offre initialement positionnée sur du milieu de gamme et qu’il serait donc inutile de reconduire le même schéma avec le nouveau centre commercial car les mêmes causes produiront les mêmes effets ; mais parallèlement à ce discours, on regrette aussi que l’offre actuelle de centre-ville soit de piètre qualité. Le CE note également que le marché Héloïse et le centre commercial ne seront pas en concurrence directe." Où est la validation ? Sachant que le promoteur de Cap Héloïse annonce des loyers 30% inférieurs à Côté Seine, de quoi attirer une offre plus bas de gamme ?

Le commissaire-enquêteur enquêteur conclut : "la mise en place d’une nouvelle zone commerciale en centre-ville est, à mon point de vue, discutable mais peut être recevable". Drôle de "validation" !

Le maire entend les Argenteuillais à contresens et lit aussi l'histoire à rebours.

Toujours dans son éditorial, il écrit : "un retour au temps des berges naturelles et des impressionnistes relève du fantasme"… Mais les berges argenteuillaises au temps des impressionnistes (le chemin de halage) n'étaient pas naturelles ! elles étaient aménagées, paysagées pour la promenade, par la volonté du Conseil Municipal d'Argenteuil, précisément pour attirer les visiteurs !

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Et revenir à cette démarche ne relève pas du fantasme : toutes les villes similaires le font à commencer, depuis plus de 20 ans, par Paris, qui n'est pas un exemple marginal, notamment en termes de trafic automobile !

En revanche le maire a raison de dire, toujours dans son éditorial, que le projet "transcende les clivages politiques" : il est rejeté par des personnes de toutes préférences partisanes.

Quand en tirera-t-il les conclusions, en l'abandonnant purement et simplement ? Pour adopter, tout simplement, la démarche partagée par toutes les villes de France ou presque : celle de retrouver une continuité avec leur environnement, de mettre en valeur leurs espaces verts, de rendre le paysage et la vie en ville plus agréables ?

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