par Frédéric Lefebvre-Naré : tribune dans le magazine municipal d'octobre 2019
Le maire a annoncé le 30 septembre un sondage sur le projet « Cap Héloïse ».
Nous avons proposé que les questions soient élaborées en commun, pour garantir leur neutralité. Pas de réponse.
Et voici les questions que le maire a fait poser :
1— Question à réponse forcée
"Un multiplexe de cinéma : cela est prioritaire, important mais pas prioritaire, ou secondaire ?"
Obligation de le trouver utile (au pire, secondaire) !
2— Question tronquée
"Est-il utile ou pas utile d'aménager les berges de Seine à Argenteuil ?"
En vert arbres, ou en gris béton ? « Détail » non précisé… c’est pourtant le sujet !
3— Question orientée : préférez-vous A qui a tel avantage, ou B qui a tel inconvénient ?
Vérifiez vous-même :
"construire une nouvelle salle de spectacles avec une capacité d'accueil
plus importante à la place de l’actuelle salle Jean Vilar ?
ou rénover la salle Jean Vilar même si la capacité d’accueil ne pourra pas être
augmentée ?"
… alors que chacun a ses avantages et ses inconvénients.
Nous avons déposé à plusieurs, spécialement pour cette question contraire à la déontologie, une réclamation à la Commission nationale des sondages.
4— Question censurée
Le débat sur Jean Vilar, ce n'est pas "rénover contre reconstruire", c'est "salle municipale ou complexe privé". Or ce sondage ignore les mots "privé", "promoteur", "vente" ou "PPP" !
Mais le sondage demande le vote aux municipales 2014 !
5— Question faussée
Le plus gros : le sondage demande si on est pour ou contre le projet Cap Héloïse… sans dire OÙ il serait implanté ! Alors que c'est LE sujet, selon l'Autorité environnementale, et LA raison de l'avis négatif du commissaire enquêteur !
Désinformation lamentable.
1 De Sabine -
Merci pour cet éclairage. Je travaille parfois avec Opinonway dans le cadre professionnel et confirme que quels que soient les instituts de sondage, il est assez facile d'orienter les questions. Mais pour ce sondage je trouve la ficelle un peu grosse. Normalement, d'un point de vue éthique, on n'utilise pas un sondage pour arriver à ses fins mais pour prendre le pouls et voir ce qu'on peut en faire. Savez-vous si les questionnaires seront administrés par mail, est-ce une enquête omnibus ? La moindre enquête un peu sérieuse coûte au bas mot 15 000 euros. C''est une question d'échantillonnage.
2 De FrédéricLN -
merci Sabine ; j'ai moi-même des relations professionnelles avec OpinionWay. Errare humanum est, et j'ai fait moi aussi des erreurs dans des enquêtes dont j'écrivais le questionnaire. J'ai donc donné trois occasions de reconnaître leur erreur sur le point 3, où ils sont manifestement coresponsables du biais de passation, en indiquant que dans ce cas je me contenterais de leur réponse et ne saisirais pas la Commission des sondages. J'ai fini par obtenir la réponse suivante :
"La formulation de la question et des items de réponses auxquels vous faites référence est objective et neutre. OpinionWay a réalisé cette enquête en appliquant les procédures et règles de la norme ISO 20252 concernant « les activités de conception, réalisation, commercialisation et vente d’études de marché, sociales et d’opinion », pour laquelle notre institut est certifié par l’AFNOR depuis 2009. En vous précisant que je me tiens à votre entière disposition, je vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées."
(Tellement à mon entière disposition que l'auteur du mail, directeur du secteur Études d'opinion (en charge d'un tel sondage), n'a pas répondu à mon mail suivant.)
Eh bien désolés chers collègues… même si ça doit me fâcher avec vous et avec une partie de la profession,… truquer votre étude ne passera pas.