Quelques notes de cette conférence et du débat, par Frédéric Lefebvre. J’ai déplacé certains des passages pour rapprocher ceux qui évoquent un même sujet.
Après la mise en place de la vidéo et du son, parfaits, par Olivier Sellier, et une brève ouverture par Adel Jeddi, Christian Bourgoin (qui, retraité, continue à collaborer comme expert avec un bureau d’études en aménagement urbain), estime en introduction qu’ « il est crucial de développer des projets,… de donner du sens et donner du rêve, un peu ! »
Il rappelle qu’il y a des cadres : “le PLU, les chartes (charte urbaine, charte de la construction durable, issue d’une demande du comité de quartier du centre ville) : sont-elles appliquées ? Comment en contrôler l’effectivité ? Il n’y a (presque) pas d’outil opérationnel comme les ZAC ou projets d’aménagement.”
“Le PLUi cadre beaucoup plus que le PLU, il est hyper-contraignant. Il serait à approuver cette année 2025. Les zones y sont à 5 caractères (comme “UM1c3”), pour :
- Délimitation
- Destination
- Indice de forme urbaine (sic) – distances, retraits…
- Indice de densité au sol (% de la parcelle, terre végétale…)
- Indice de hauteur (en étages, en gros)”
“Les services savent instruire ; il faudrait aussi qu’ils sachent expliquer (la plate-forme en ligne n’explique rien, elle dit juste « pas conforme »). Si les promoteurs n’arrivent pas à avoir l’information, les projets ne sortent pas !”
“Il y a un logement semi-enterré dans le projet Marignan face au Monoprix : il est en vente ! Le chantier « de la ligne contre le cancer », c’est un scandale. L’arrêté du maire n’était pas du tout observé ; je demandais qu’on verbalise, rien… A Paris, il y a des agents voyers qui descendent sur les chantiers, et ça dégage.”
“Parmi les Orientations d’Aménagement et de Programmation (OAP) à Argenteuil, certaines sont ceintures et bretelles, d’autres – je regarde les membres de l’association Héloïse[1] -, sont évanescentes.
Il y a des OAP thématiques et des OPA sectorielles (= par secteurs de la ville) :
- L’OAP Cœur de Ville correspond au périmètre de l’ancienne ville close. Il y avait un projet , j’étais à la SEMARG à l’époque, on a fait des tas de réunions avec l’abbaye de Royaumont : un salle de concert, un conservatoire… Le lauréat était un architecte anglais. Mais ça s’est arrêté faute de financement. L’Etat disait « une salle de concert ? Faites-la au Val d’Argent, on la paiera avec le GPU ».
- Pôle gare : pareil, il y a un projet, Argenteuil Littoral, et des travaux en cours. Que fait le promoteur Briqueville ? On n’en sait rien.
- Îlot Laugier : promoteur Hibana, pour l’instant rien n’avance, les bâtiments continuent de s’écrouler.
- Plaine d’Argenteuil : l’îlot construit (par les gens du voyage) est sanctuarisé ; il est marqué « encadrer » son développement, c’est un peu vague.
- Croissant ferré : que fait la SNCF ? Elle a acheté un immeuble, bâché avec des échafaudages… Le projet fait partie d’une Opération d’Intérêt National signée avec l’Etat il y a plus de 10 ans. On n’a pas les sous ? Les études, je reconnais que ça coûte cher…
- Jean Allemane : dans des avenues similaires à Colombes, Asnières, ça s’améliore, chez nous ça ne bouge pas !
- Butte Vachon : une autre OAP, présentée au comité de quartier. Il y avait déjà un « secteur de plan de masse ».
- Porte Saint Germain Berges de Seine : le seul qui avance ; avec un aménageur, “Paris Sud”, en association avec les promoteurs.
- « Parc d’activité du Val d’Argent » : il y a vraiment des choses à faire sur le paysage !
Il y a une politique contractuelle : le Contrat d’Intérêt National, incluant le croissant ferré !, Argenteuil Littoral et la Porte Saint-Germain.
Il faut prévenir (anticiper) les mutations sur les grands ténements. Sur l’emprise SAGEM, ça a à peu près marché. Il faudra reproduire la même ampleur d’opération sur d’autres espaces.
Il faut — on le faisait à Cergy (où travaillait Christian Bourgoin à la fin de sa carrière) - recevoir chaque année au moins tous les grands promoteurs ; leur dire « voilà nos orientations, voilà ce qu’on attend. Sur un grand terrain, venez nous voir avant de démarcher le propriétaire ».
L’EPFIF achète pas mal de biens dans le diffus en centre ville. Où en est-on ? Le nombre de bâtiments murés…! Dont on demande des nouvelles : pas de réponse.
La densification dans le secteur pavillonnaire, par découpe de parcelles : c’est une demande de l’État, et il y a une grosse pression pour construire de la maison individuelle.
Il faut des sous : il faut aller les chercher. L’agglomération de Cergy avait un service dédié à la recherche de fric, et pourtant ils ont du fric, ayant autant d’emplois que d’habitants !
Le Département ne voit jamais Argenteuil. Argenteuil n’est pas présente à l’assemblée des maires du Val d’Oise. Argenteuil n’a pas répondu ( ?) à l’appel à projets de la Région sur la biodiversité.”
Interventions du public et discussions avec l’intervenant :
Anne-Marie Sarthe, “comité de quartier Orgemont, et comité Jean Vilar : pour les immeubles rue Alfred Labrière, on a abattu des arbres que des voisins disaient centenaires. La place Aristide Briand est un dépotoir.”
Ali Romdhane, “Argenteuillais depuis 48 ans, 3ème génération implantée à Argenteuil, ex-ex-responsable du PS au niveau local et national aussi, ex-élu local de 1995 à 2001 : on a fait du rafistolage, il n’y a jamais eu (de politique en matière) d’urbanisme. Cette ville mérite plus et mieux. Je souhaiterais qu’on enlève un tabou : l’argent. Si on ne résout pas le problème financier, on ne résoudra pas le problème de l’urbanisme.”
Richard Boyas (?), “33 ans à Argenteuil, au Val Notre-Dame, avenue de la Marjolaine : on pourrait végétaliser certaines façades d’immeubles. Pour la promenade des bords de Seine : on pourrait mettre des containers dans le sens du courant sur pilotis.”
Nadir Slifi : “je suis élu à la politique de la Ville depuis 2014, je viens ce soir en tant que citoyen. J’ai pu côtoyer les différentes strates de la politique de la Ville ; vous avez raison, il y a un (besoin) de méthode, de rigueur, d’organisation, de volonté. La méthode : réunir tous les acteurs : promoteurs, services de la Ville, habitants… Prendre l’urbanisme dans sa globalité. Ce sont des choses que j’ai mises sur le papier.”
N…, “notaire à Colombes : je suis étonnée de l’avancement de cette commune (Colombes), des « VFA » qui poussent à tout va ; on a un fort potentiel sur Argenteuil, aujourd’hui certaines personnes boudent la commune, il faut embellir la ville notamment en termes de sécurité. Adel (Jeddi) a des projets, je pense qu’ils sont viables et seront porteurs pour la ville.”
Blandine Badignon : “je n’ai pas si clairement dans ma tête, ou pas tout à fait compris, quelle méthode (employer)… peut-elle descendre auprès des citoyens ? Je ne vois pas très bien la portée du travail en comités de quartier.
Je salue au passage le comité Jean Vilar qui a fourni un travail colossal pour défendre des idées, ça leur a demandé un travail énorme, ils ont eu un travail exemplaire.”
Adel Jeddi : “je suis Argenteuillais depuis aussi longtemps que je m’en souvienne ; j’ai été élu dans le mandat 2008-2014 avec Olivier Sellier et d’autres, on a pas mal travaillé sur des projets pendant ce mandat… Il faut remettre la démocratie participative au centre du jeu. La municipalité a des moyens pour s’adresser aux gens, ne serait-ce que le journal municipal. On a besoin d’expliquer aux gens ce qui se passe, et ça manque, c’est politique.”
Martine Lagain : “Argenteuil Littoral… Déjà, ce n’est pas un littoral ! Le vocabulaire se perd. C’est révélateur. Il y a 55 ans que je suis à Argenteuil, j’y ai enseigné 17 ans en lycée” avant d’enseigner dans le supérieur… A Argenteuil, “il y a un manque de compétence des élus ! J’ai beaucoup fréquenté les formations du CAUE, je n’y ai jamais vu personne de la municipalité d’Argenteuil, alors que c’est gratuit !”
Adel Jeddi : “Ce qui m’intéresse, au bout du bout… (Voyez Cormeilles Yannick Boëdic, il a su faire évoluer sa ville : un quartier, une marina… à Argenteuil, il y a quoi ? Je suis entré en politique il y a longtemps, je remercie (pour cela) Ali Romdhane.”
Une personne dans la salle (ne se présente pas) : “Cheffe d’entreprise, j’ai quitté la zone d’activité (du Val d’Argent) parce qu’il faisait noir,… et la municipalité ne venait jamais !
Nanterre, qui était pire qu’Argenteuil il y a quelques années, est mieux.”
Adel Jeddi : “Bezons qui n’avait pas de centre ville, a reconstruit un centre ville, c’est extraordinaire !”
Christian Bourgoin : “J’ai piloté un projet sur le mont Valérien : les habitants nous attendaient avec le canon de 75 ! On allait construire un énorme gymnase, du logement social… Il y a eu un grand travail. Nanterre, ils sont rompus à la communication avec les habitants, à aller voir les riverains… La direction de la Communication était brillante, en capacité d’écouter les gens comme d’interroger le maire… (Le projet,) ça a été fait et plus personne n’en parle ! Étant à la SEM, j’étais convoqué toutes les semaines par l’adjoint à l’Urbanisme, qui était tourneur chez SIMCA ( ?). C’étaient des élus extrêmement présents. On passait en revue tous les permis de construire, et la conformité. Et on allumait.
La même personne : “Les promoteurs à Nanterre doivent prendre en insertion des gens de la Ville. Le social rejoint l’urbanisme. Nous sommes en copropriété qui a eu une malfaçon du début à la fin. C’était en 2009. Le recours qui reste, c’est en justice… depuis 2009. Le promoteur se fait attribuer des permis de construire jusqu’à aujourd’hui !”
Christian Bourgoin : “à Nanterre, un promoteur qui ne jouait pas le jeu…” (était exclus).
“J’ai dit plusieurs fois : sur Gabriel Péri, pourquoi vous n’organisez pas…” (une concertation, un appel à idées). “Ils lançaient en 2022 en disant « travaux en 2024 »”, c’était improbable selon Christian Bourgoin (qui semble n’avoir pas remarqué la discrète concertation tenue avant 2022).
“Il faut associer les gens à la programmation, à « qu’est-ce qu’on veut faire ? ». Ça n’a pas été fait (sur Gabriel Péri) , le concours a été lancé sur la base d’une programmation faite sur une page, paraît-il par le comité de quartier, je n’y étais pas ce jour-là. Vous réduisez à deux fois une voie : où sont les études de circulation ? Réponse ‘on les a pas’… On supprime quand même 40% de places de parking… Pas de réponse. On me dit « vous comprenez, Vinci (concessionnaire du stationnement), ils sont mauvais »,… mais quand on a une concession, on verrouille, bon sang de bois !”
Franck Debeaud : “élu de 2014 à 2020, j’ai quitté la mairie en 2017 parce que je m’opposais au projet Héloïse notamment. La démocratie participative dépend de l’esprit dans lequel elle est faite. Demander l’avis des habitants sur les berges juste avant l’élection, pour moi c’est de la communication. Que faire pour que le centre ville en redevienne un ?”
Christian Bourgoin : “En travaillant sur le triangle ferré. Pour avoir faire travailler des étudiants sur le triangle ferré, on peut y faire un pôle d’attraction, une vraie liaison avec les quartiers Nord.”
(nom mal entendu) : “En effet, j’ai remarqué qu’il y a un manque de centralité : le centre ville est juste un lieu de passage en voiture.
Je suis arrivé à Argenteuil en 2019. Ce qui m’a toujours interpellé : l’image dont souffre Argenteuil, et l’attractivité qui manque. Je travaille dans le développement économique : pour attirer les entreprises, il y a de la concurrence !
L’enquête publique est là pour que tout le monde puisse s’exprimer : quand on est nombreux, on peut se faire entendre !”
Martine Lagain : “J’ai été commissaire enquêteur 8 ans… à Argenteuil, les affiches étaient rarement bien visibles !”
Je suis moi-même intervenu pour rappeler, en écho aux propos d’Adel Jeddi, mon premier engagement politique à Argenteuil, en 1999-2000 dans une association pour la démocratie participative. Nous avions organisé une enquête auprès des Argenteuillais sur les sujets municipaux (dont l’urbanisme) et avions envoyé les résultats à toutes les listes candidates à la municipale de 2001. Une seule personne nous avait répondu, manifestant son intérêt pour cette démarche : Philippe Métézeau.
J’ai plaidé pour un urbanisme qui ne prétende pas créer à partir de rien, mais au contraire cherche à tirer le meilleur parti de notre site, extraordinaire, entre le fleuve et la montagne du Parisis, - plein Sud, a ajouté quelqu’un - , avec son urbanisme en amphithéâtre autour de l’ancien port, aujourd’hui le pont d’Argenteuil. Un site que Colombes, que Nanterre, que Cergy…, nous envieraient, et que depuis 160 ans nous échouons à mettre en valeur. Commençons !…
Note
[1] Sic : le comité Jean Vilar