Drôle de campagne dans nos drôles de cantons

par Frédéric Lefebvre-Naré

Une drôle de campagne est d'abord une campagne qu'on ne fait pas. Ma cheville pas guérie m'a dispensé d'office de tractage ou boîtage ; mais le coeur aussi n'y était pas. Pour les mêmes raisons que celles présentées par Pierre : des cantons qui ne correspondent à rien, pour élire le Conseil du Val d'Oise dans une ville au bord de changer de département, des départements à l'ancienne après dix ans de tergiversations infructueuses… ça ridiculise le vote, sinon la démocratie.

Une drôle de campagne que je n'ai pas faite, après dix ans de militantisme actif à chaque campagne et une demi-douzaine de candidatures : j'ai laissé les autres aller au charbon. Déclaré forfait, en quelque sorte. Pas de quoi être fier. En 2011 nous disions que "le changement, c'est possible", et trop peu de nos concitoyens l'ont cru ; aujourd'hui quand je lis le même slogan sur des affiches du Front de Gauche, je n'y crois pas. Les dés semblent jetés : presque partout ce sera la droite, la gauche ou le FN qui emporteront les mandats. Et presque partout, les Français seront restés majoritairement chez eux, ou allés à la pêche.

Un instant, j'ai espéré que la réaction massive aux attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Casher, serait plus qu'un feu de paille. Qu'une force politique démocrate renaîtrait de cette expérience de fraternité nationale. Pas à ce jour.

Une drôle de campagne, de drôles de cantons, drôlement peu d'intérêt de la part des citoyens comme vous et moi, eh bien, les candidats n'y sont pour rien. Alors bravo à elles et eux qui ont mené cette campagne à fond. Qui se sont démenés pour parler aux amis comme aux opposants, aux engagés comme aux blasés. Qui ont proposé et se sont engagés, qui ont répondu aux questions comme bravé l'indifférence ou les reproches. S'ils sont élus, ils l'auront bien mérité ; s'ils sont battus, ça aura été dans l'honneur ; s'ils sont devancés, eux aussi, par les jpeg fantômes du Front National, ce sera pour eux une injustice.

Elles et ils sont nombreux dans tous les partis, mais pour conclure avant minuit, je vais faire bref…

Nadia Metref et Fabien Bénédic, dans le canton serpentiforme "Argenteuil 2" qui va du 78 au 93, ont battu la campagne avec persévérance. Avec leurs suppléants, ils forment une équipe cohérente de longue date, militante sincère et digne de confiance pour gérer notre Département. En face, la Municipalité actuelle tente de détourner l'élection départementale, par une propagande incessante contre ses successeurs et prédécesseurs. Sur les tracts des candidats UMP, Danièle Mothron, suppléante de Fatima Amarir, remerciait pour l'avoir sollicitée… Xavier Péricat, sans citer sa titulaire. Étrange quatuor.

À Argenteuil-Bezons (Argenteuil 3), Arnaud Gibert, venant du MoDem, et Marie-José Cayzac, ancienne du PCF, ont réussi un large rassemblement du centre à la gauche en passant par l'écologie. L'irritation que cela a suscité chez certains montre au moins que leur effort va dans le bon sens, celui du courage et du renouveau. Moi qui présiderai un bureau de vote dans leur canton, j'espère pouvoir proclamer dimanche soir leur qualification pour le second tour.

Dans le canton 1 où je réside (Argenteuil 1 : les Coteaux, Sannois et Saint-Gratien), réputé acquis à la droite, ce sont deux tickets de centre-droit qui se disputent une place qualificative — et risquent de la perdre tous deux. L'Argenteuillais UDI Philippe Métézeau, associé à Marie-Évelyne Christin de Sannois, affrontent en effet Dominique Gaubert, (ex?)Modem et bras droit de l'ancien maire de Sannois Yannick Paternotte, en tandem avec Sophie Sanchez de Saint-Gratien. J'envisageais de voter pour Philippe Métézeau, malgré des désaccords de politique municipale que connaissent les lecteurs de ce blog. Mais son tract rappelle à juste titre, en première page, que la départementale "n'est pas une élection municipale bis" ! Et j'apprécie son implication dans ses responsabilités au Département, comme vice-président aux Affaires sociales, qui tranche avec la négligence d'autres élus. Je l'apprécie d'autant plus que "le social" n'est pas son métier : un élu chargé d'un sujet représente les citoyens, ce n'est pas le délégué des agents qui travaillent sur le sujet. Il doit prendre le temps de découvrir leur métier à eux tout en restant extérieur et exigeant. Philippe Métézeau me semble avoir ces capacités et cette façon de voir.

Le leader socialiste de Sannois soutient le ticket "divers droite" Gaubert-Sanchez. C'est son droit. Mais prétendre qu'ainsi, il « (soutient) la seule personne compétente et qui a la capacité d'être un futur vice-président aux finances », c'est trop gros.

M. Dulouard me permettra de penser que le social vaut bien les finances.

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