par Frédéric Lefebvre-Naré
En mars dernier, nous avons voté, avec Marie-José Cayzac mais bien seuls, contre le déclassement de l'île Héloïse.
Depuis le début de ces 40 billets, ces 40 raisons toutes suffisantes d'arrêter la vente au promoteur Fiminco, je n'étais pas encore revenu sur la raison fondamentale de notre vote contre : un lieu aussi central doit rester public.
On ne vend pas au privé 2 hectares au coeur des déplacements des Argenteuillais, de la vie sociale, associative et culturelle. On ne privatise pas plus l'île Héloïse que l'île de la Cité.
En lisant Jean Lassalle, Un berger à l'Élysée, j'ai découvert à quelle profondeur cette décision nous engageait.
"Mon expérience personnelle, et les luttes acharnées qui se sont livrées dans nos montagnes au sujet des routes ou des ours, m’ont conduit sur une autre voie" que celle du gigantisme et de la spéculation. "Celle où s’engagent des hommes décidés à gérer ensemble leurs biens communs, qui refusent de se laisser déposséder par la technocratie, la financiarisation…
Depuis l’origine de l’histoire, en Haute-Égypte, les sociétés humaines s’étaient organisées politiquement pour gérer et protéger ensemble les précieuses ressources naturelles. L’eau d’abord. Puis la forêt, la mer, les versants des montagnes.
Le mot de « commune » en garde la trace, et celui de « biens communaux » ou de biens communs. Le Code civil évoque ces « choses qui n’appartiennent à personne et dont l’usage est commun à tous. Des lois de police règlent la manière d’en jouir », article 714. Il définit à son article 542 « les biens communaux : ceux à la propriété ou au produit desquels les habitants d’une ou plusieurs communes ont un droit acquis ».
Au contraire, le capitalisme moderne, comme le socialisme du XXème siècle, s’entendaient au moins sur un point : enlever aux communautés locales la gestion de leur terre, pour la confier aux fonctionnaires, aux industriels ou aux marchands !
(Alors que) ni le marché, ni l’État, ne savent et ne peuvent veiller sur les biens communs.
Hélas, l’homme n’en prend conscience et ne s’alarme que lorsque ces biens communs sont sur le point de disparaître ! C’est ce que l’Américain Garrett James Hardin a appelé, déjà en 1968, « la tragédie des communs ».
Si nous voulons mettre fin à la tragédie, si nous voulons libérer l’écologie de la financiarisation, nous devrons assumer nos responsabilités de citoyens, revenir à une gestion commune des biens communs.
Cette idée des biens communs, des « commons » en anglais, est heureusement de mieux en mieux comprise dans de nombreux domaines, comme celui de la culture, celui de la santé et des médicaments, celui du savoir et de l’informatique.
Reconstruisons dans nos régions, et à l’échelle de la France, des institutions à l’image de nos communes : des institutions à l’écoute du peuple et de tous les groupes qui partagent le même espace. Des institutions capables de gérer les biens communs, qu’ils soient naturels et matériels, ou culturels et immatériels."
L'île d'Argenteuil, Jean Vilar, les berges, le boulevard Héloïse, sont notre bien commun. Ne le vendons pas à un capital qui aura, sur cet espace, bien d'autres intérêts que le nôtre.
Apprenons, si par malheur nous avions désappris, apprenons à le gérer ensemble, efficacement, directement, publiquement, en coresponsables.
1 De Frida -
J'ai apprécié l'historique que vous avez fait....
Si on veut des commerces de proximité, une salle où on peut entendre des concerts, pourquoi pas ?
Seuls vous et Mme Cayzac s'y opposent.
L'île d'Argenteuil, le boulevard Héloïse, ne nous appartiennent pas. On a construit des immeubles hideux, on ne trouve que des restaurants rapides (hallal le plus souvent), à part ça, il n'y a dans notre ville. Pourquoi ne pas risquer ? Je comprends mal votre entêtement.
2 De Frédéric L.-N. -
Bonjour Frida, merci pour votre appréciation !
Je suis bien sûr, comme vous, favorable aux commerces de proximité, qui ne peuvent que perdre à l'arrivée du mégaplexe (sauf commerçant de pop-corn ou de sandwiches-rapides, bien sûr).
Je suis bien sûr favorable à ce qu'il n'y ait pas d'immeubles construits sur l'ile d'Argenteuil (il n'y en a pas aujourd'hui) et c'était le point sur lequel je m'opposais aux schémas de la précédente municipalité, comme à celui de l'actuelle !
Je trouve bien triste que l'histoire des échecs des précédentes municipalités (spécialement Montdargent et Mothron I) dans leurs grands projets successifs, et le poids des impôts que cela nous coûte, n'instruise décidément pas les décideurs actuels.
3 De Bernard -
@ Frida
Permettez moi de répondre à vos interrogations.
Certes vous avez raison, seuls les 2 élus que vous citez, s'opposent ouvertement et fermement à ce projet de vente de Jean Vilar.
Mais nous sommes de plus en plus d'Argenteuillais au fur et à mesure des semaines, à nous opposer aussi à ce projet.
Pourquoi ?
parce que nous craignons que ce mégaplexe avec son centre commercial ruine les petits commerces de qualité du centre ville (même si je vous l'accorde ils se font de plus en plus rares).
parce que nous craignons que Coté Seine dejà moins fréquenté que par le passé, devienne un centre commercial désert car délaissé par le Groupe Casino qui ne le jugera plus rentable.
parce que nous craignons que ce mégaplexe coule définitivement le "Figuier Blanc" qui est loin d'être amorti financièrement par les contribuables que nous sommes.
parce que nous craignons que l'afflux de visiteurs (voir nos billets sur le polygone de Béziers) aphyxie le centre ville aux niveaux de la pollution et de la circulation automobile sur le boulevard Héloïse.
parce que nous craignons qu'un bâtiment de cette envergure à l'entrée de ville soit plus un repoussoir qu'un attrait pour celle-ci.
parce que nous craignons que ce nouveau centre commercial détruise plus d'emplois sur Argenteuil qu'il n'en créera.
parce que tout simplement nous sommes attachés aux 2 salles communales et nous ne voulons pas qu'elles soient privatisées.
Bien sur, nous pouvons faire fi de tout celà et prendre le risque.
Nous verrons bien après ce qui se passe.......
Je ne suis pas d'accord avec vous.
Si nous prenons ce risque, c'est un engagement pour plusieurs décennies (durée de vie du complexe culturel et commercial) , c'est un coût financier potentiel de plusieurs millions d'euros sur nos futurs impôts (qui va payer l'addition en cas de faillite de ce mégaplexe)
Prendre de tels risques pour une salle de concert que nous n'avons pas ?
Prendre de tels risques pour quelques boutiques franchisées que nous n'avons pas aussi ?
A vous de voir Frida.
Maintenant, si nous sommes opposés à la vente de Jean Vilar, nous le rappelons à nouveau, nous ne sommes pas opposés à un tel projet sur Argenteuil.
Mais un projet de cet envergure doit être porté avec les communes limitrophes qui en bénéficieront et ne pas laisser à Argenteuil toutes les charges.
Ce projet doit être complémentaire des offres commerciale et culturelle de la ville et non pas être leur conccurent.
Par exemple, le polygone de Béziers est situé sur la nationale Sète - Narbonne aménagée en boulevard urbain dans sa partie ville mais à environ un kilomètre du Centre ville et trois du centre commercial d'Auchan.
Le projet Argenteuillais est seulement à quelques centaines de mètres de Coté Seine et le Figuier Blanc...