PLUi : Prendre en compte la valeur paysagère et historique des sites, comme moteur d'un développement durable

Ma contribution à la consultation sur le PLU intercommunal de Boucle Nord de Seine — il y aurait eu plein d’autres choses à dire sur les Zones Industrielles, sur le terrain SIFRU, la friche rue de Liège, les transports sur la Seine ou pour la traverser, ou sur une disposition qui pénalise la valeur de mon terrain. Je me suis arrêté sur ce sujet : l’environnement et le cadre de vie sociale et culturelle, moteurs (et non pas freins) pour notre développement.

(par Frédéric Lefebvre)

Le PLUI me semble se caractériser à la fois par une masse considérable d’informations, de réflexion, de formalisation ; et par une grande distance entre les intentions et les dispositions pratiques.

La synthèse du diagnostic, en novembre 2022, mentionnait à juste titre (et je trouve peu de concrétisation de ces intentions)

« Un héritage patrimonial riche …, également du patrimoine moderne… » ; « la Seine et la structure géographique du territoire offrent des panoramas et des vues sur l’espace métropolitain. Mais elle est également un facteur de risque d’inondation. … La nature est bien présente… avec les grands espaces naturels et agricoles d’Argenteuil, les grands parcs, les jardins publics… Face aux risques et nuisances et aux impacts du changement climatique, afin d’améliorer la santé…, la nature en ville doit prendre une nouvelle place. » (page 4)

« Des projets de prolongement ou de nouvelles lignes de transports en commun… malheureusement… ne concernent pas les secteurs les moins bien desservis » ; « quelques discontinuités seraient… à traiter pour faciliter les mobilités actives (vélo et marche) » (page 5).

De même la synthèse du Plan d’Aménagement et de Développement Durable, en juin 2023, propose (page 3) de :

« prolonger les corridors écologiques existants pour renforcer la Trame Verte et Bleue…, notamment en améliorant la végétalisation des berges de Seine. » ; « améliorer l’accessibilité des espaces verts existants car beaucoup d’habitants ont la sensation d’être éloignés des poumons verts du territoire » :

  • c’est paradoxalement vrai aussi pour l’île Héloïse (à part l’actuel Parc des Berges) parce que cet espace vert est fragmenté, inaccessible venant du côté Seine, peu visible… sauf depuis les trottoirs des ponts, ou le chemin sur berge côté Colombes.
  • C’est vrai a fortiori de la « montagne du Parisis », quasi ignorée des 25000 habitants du Val d’Argent, tout proche mais séparé par une friche peu hospitalière, une favela (rue de la Corse) et une route sans trottoirs ni piste cyclable.

Cette méconnaissance semble parfois partagée par les rédacteurs du PLUi : évoquant les « hauteurs du territoire… au Nord d’Argenteuil », dans les espaces verts des « buttes du Parisis », une même page du rapport de présentation (tome 1.2, p. 6) donne comme point culminant 162 mètres, 128 mètres et 154 mètres d’altitude !

Beaucoup de villes tentent de restituer, physiquement ou symboliquement, les cours d’eau qui avaient été masqués, enfouis, par l’urbanisation depuis le XIXème siècle ; ce serait particulièrement utile à Argenteuil pour des anciens rus trop négligés dans l’urbanisme (d’où des incidents constructifs en série) ou l’ancien bras de Seine qui délimitait l’île Héloïse. Si les rus sont mentionnés dans “l’état initial” (rapport de présentation, Tome 1.2, p. 11), leur tracé ne figure pas ; les anciens bras de Seine (donc le tracé des anciennes îles) ne sont évoqués ni dans la partie sur l’hydrologie, ni dans celle sur le paysage et l’accès aux berges.

Sur la faune et la flore, les données manquent, faute d’observations, sur la grande majorité du territoire. C’est également le cas sur l’air, cartographié à la seule maille communale dans le rapport de présentation (tome 1.2 autour de la page 142), alors que la situation et les enjeux sont bien différents aux accès routiers de la ville, sur les buttes du Parisis, ou autour du port à sable et des installations de concassage de Fayolle. Mais là encore, les mesures manquent : l’obligation de mesurer devrait à mon sens faire partie du PLUi.

Le Diagnostic se conclut sur les trois objectifs de développement durable – social, environnemental, économique. Malheureusement, nous avons souvent constaté avec l’urbanisme (à Argenteuil comme à Colombes, etc.) que les décisions donnent la priorité à l’économie en l’opposant au social et à l’environnement, avec un discours du type « il faut bien tout de même permettre l’expansion, malgré les souhaits légitimes de préserver la qualité du territoire : au moins on mettra des toitures végétalisées… ».

Dans la synthèse du PADD, ce discours pointe déjà, avec une phrase comme « réinventer la place de l’immobilier économique, par des projets innovants et responsables », une expression qui semble détacher les « projets » du territoire.

Cette opposition est absurde pour des villes plus que millénaires, comme Argenteuil : dans l’économie mondialisée du XXIème siècle, où nous sommes en concurrence avec des quartiers nouveaux conçus pour l’économie moderne, ce qui rend notre ville attractive pour les entreprises, c’est la qualité paysagère de notre site, c’est la réputation mondiale de Monet, c’est un tissu social et une culture populaire multiséculaires.

Notre territoire, comme environnement et comme cadre de vie sociale, est aussi notre capital au sens économique : évitons qu’il ne se dégrade, retrouvons-le, mettons-le en valeur.

Ainsi, le centre ville d’Argenteuil, dont la structure remonte au Moyen-Âge, et les berges, site impressionniste par excellence, devraient à mon sens faire l’objet d’un Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur, dans le cadre d’une reconnaissance comme Site Patrimonial Remarquable.

L’ignorance, par les autorités publiques elles-mêmes, de ce patrimoine, se manifeste (malgré la qualité du travail fait, en termes strictement architecturaux) dans le livret 4.4.1 « Livret du patrimoine Argenteuil », composante du Règlement :

  • Les bâtiments anciens sur le boulevard Héloïse sont évoqués un par un, sans traiter leur caractère de front urbain sur l’ancien quai de Seine et l’espace vert de l’île, résultat d’une stratégie explicite de la commune dans les années 1860,
  • Une « villa Roclore » est décrite (ARG_103, 84 boulevard Héloïse) au lieu de « Roquelaure », nom qu’avait pris Mirabeau père dit « l’Ami des hommes », qui termina sa vie à Argenteuil,
  • Les arbres les plus remarquables ne semblent figurer nulle part. Aucune suite ne semble avoir été donnée à la proposition de l’association nationale A.R.B.R.E.S (chargée par l’Etat de labelliser les arbres et ensemble arborés remarquables) de labelliser la plantation de l’île Héloïse, remontant à ces mêmes années 1860 et auparavant, comme ensemble arboré remarquable,
  • La mémoire d’Héloïse, une des plus grandes intellectuelles médiévales avec Jeanne de Pisan et Hildegarde de Bingen, ne semble figurer nulle part, alors qu’Argenteuil est le seul site conservant des bâtiments où elle a vécu (chapelle Saint-Jean Baptiste et ruines de l’abbaye) – à part les ruines du donjon du Pallet où elle fut probablement hébergée dans la famille de Pierre Abélard.
  • Au-delà de l’héritage d’Héloïse, la place des religions dans le patrimoine et la vie actuelle (culturelle, sociale, éducative, économique, flux de circulation) me semble ignorée à travers les milliers de page des documents (je n’ai pas tout lu). Dans la ville qui abrite la 2ème plus grande mosquée d’Ile-de-France, et la plus ancienne des reliques dites “Sainte Tunique du Christ”, c’est l’éléphant dans la pièce.

Autre exemple : les orientations pour le secteur Mirabeau (rapport de présentation, tome 1.5, pp. 214-215), secteur très dégradé aujourd’hui, parlent de « ville-parc » avec une « réelle biodiversité », desservie par un « futur transport en commun en site propre ». Mais aucune réserve n’est prévue pour permettre l’arrivée, souvent évoquée depuis la fin des années 1980 et jamais décidée, d’un tramway, et le pourcentage minimal de surface de pleine terre est fixé à « 20% » : « l’exigence environnementale » se traduit au final par « l’utilisation des matériaux bio ou géosourcés doit être facilitée » (p. 215), ce qui est une blague.

Concernant le secteur Ile Héloïse et spécifiquement la parcelle de la salle des fêtes Jean Vilar - espace vert mentionné dans les cartes de destination du SDRIF et entrée de ville d’Argenteuil - les dispositions prévues par le rapport de présentation (zone UPAR01, tome 1.5, pp. 212-213) reconduisent intégralement celles insérées en 2017 dans le PLU d’Argenteuil en tant que zone de grand projet « UGP3 », avec un « objectif de densification » et la création d’un « signal urbain fort en entrée de ville (45m) ». Ces dispositions, dénoncées par près de 10000 pétitionnaires sur le territoire, contraires à mon sens à la vocation du site, et contraires aussi aux intentions affichées depuis juillet 2024 par la Ville, devraient être purement et simplement supprimées du PLUI.

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